La défaite sportive est souvent perçue comme un échec. Pourtant, elle ne résulte pas que de l'issue de la compétition et du résultat atteint. Les objectifs personnels ou collectifs sont également à prendre en compte dans la manière d'appréhender la défaite.

Effectivement, le résultat ne traduit en rien l’état d’esprit dans lequel se trouve le sportif. Pour un sprinteur, par exemple, terminer premier de sa course n’est pas significatif si l’on considère un chrono éloigné de son record personnel.


A contrario, le même sprinteur qui bat record mais ne termine pas la course en première position sera toujours vainqueur car il a été chargé son objectif personnel.

La défaite sportive est un processus complexe qui engage bien au-delà des résultats.

Même s'il n'est jamais valorisant de perdre, la défaite sportive est souvent bénéfique aux compétiteurs.


Selon Sébastien Château, entraîneur sportif privé et entraîneur de full contact à l'American Boxe Club d'Angers, trois types de défaites peuvent se différencier.

Le premier type de défaite, le plus courant, correspond à l'échec face à un adversaire. Ce dernier nous a objectivement battu car son niveau était meilleur ou simplement parce que nous n'avons pas été bon.

Le deuxième type de défaite intervient quand une blessure nous poursuit de continuer. Nous sommes forcés d'arrêter car le corps ne suit pas.

Enfin, le dernier type de défaite est un facteur externe tel que l'arbitrage. On appelle ça «une victoire volée». Cette défaite est perturbante car le sportif s'est envoyé et n'a pas perdu la vérité, mais aux yeux de l'arbitre -qu'on ne peut contester-, le joueur n'a pas gagné. Sébastien a été témoin de cette défaite en novembre dernier, quand il a combattu pour la Coupe du monde en full contact.


Autrefois nageuse, Charlotte joue maintenant dans l'équipe pro A de water-polo à Angers. Elle met ainsi en parallèle le vécu d'une défaite dans un sport individuel comme la natation et celui dans un sport collectif comme le water-polo.

Il nous rappelle que si le corps possède des limites, il ne faut pas non plus oublier que le mental, dans une compétition, importe autant que le physique.

Au-delà de son expérience en tant qu'athlète, il explique, aujourd'hui comme entraîneur, comment gérer l'après défaite.

Pour finir, il rappelle le rôle essentiel de la défaite dans la progression d'un sportif.

Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?

- Accompagner le sportif et faire un petit bout de chemin avec lui. Bien évidemment, l'objectif principal est d’améliorer la performance. Mais très souvent je me rends compte que je travaille avec les sportifs sur ce qu’on appelle le triple projet, c’est-à-dire la partie sport, la partie milieu professionnel ou scolaire et la partie affective. L’un ne va pas sans l’autre : pour réussir dans un domaine, on doit être épanoui dans les autres domaines.

Quelle est la partie la plus difficile de la profession ?

- L'approche est complètement différente avec des enfants ou des adultes. Donc c’est vraiment un défi pour moi-même : m'adapter au sportif, à son projet et trouver les clefs pour le faire avancer.

Pensez-vous que la défaite joue un rôle important dans le sport ?

- Je pense que la défaite est primordiale car elle permet de se remettre en question. Très souvent des sportifs enchaînent les victoires, ils sont alors susceptibles de se reposer sur leurs lauriers. Mais il se peut que du jour au lendemain le sportif échoue et ça devient intéressant de voir s’il va être capable de rebondir et surtout de se poser des questions.

Quels sont vos conseils pour affronter la première défaite ?

- La première chose à faire est d'analyser sa défaite. On va débriefer sur la compétition et chercher à savoir ce qu'il s’est passé. En tant que préparateur mental, je peux faire revivre la défaite. J'essaie également de faire émerger les points positifs de cette défaite. "Tu as perdu : ok, mais qu’est-ce-que tu en retiens de positif ?". L’idée, en faisant émerger ces points positifs, est de s’en servir pour remettre le sportif en confiance, et surtout faire en sorte qu'il ne reproduise pas ses erreurs.

Peut-on améliorer l’image renvoyée par la défaite ?

En ce qui concerne la défaite en France et dans certains pays, quand les sportifs s'entraînent, ils ont tendance à se concentrer uniquement sur le résultat. Et c’est ce qui donne à la défaite un caractère un peu compliqué à assumer pour le sportif. Si en amont les entraîneurs et les fédérations valorisaient davantage les pratiques et non pas la victoire, on n'en serait pas là. Donc pour qu’un athlète ou un sportif vive bien la défaite, c’est à l'entraîneur de préparer le terrain.

Pouvez-vous nous raconter un souvenir de défaite qui vous aurait particulièrement marquée dans votre carrière sportive ?

- Une défaite de natation m'a marqué dans ma jeunesse. C’était les championnats de France d’été. J'ai terminé à la deuxième place alors que je visais clairement la première. On attend cette compétition, on la travaille sur plusieurs années et, le jour-J, je me suis rendu compte qu’elle était finalement passée comme un film. C’est-à-dire que tout était « automatisé ». Dans cette course, je n’ai pas été capable de faire varier les allures, je me suis laissé aller, sans doute submergé par mes émotions. Or c’est important pour un sportif de savoir maîtriser ses émotions telles que le stress la colère ou même la joie".

Quelles sont, selon vous, les qualités qu’un sportif doit posséder pour surmonter la défaite ?

- Je pense que la première qualité d’un sportif pour affronter la défaite c’est d’avoir une motivation intrinsèque, pratiquer votre sport pour le plaisir qu’il procure.

Ensuite, un sportif doit également être bien entouré : s'entourer des bonnes personnes, des personnes qui peuvent vous faire réagir, vous aider et vous épauler. Ce sont les parents, les proches, les copains ou les coéquipiers qui jouent souvent ce rôle.

Enfin, bien sûr, la persévérance et l’assiduité sont indispensables. Il est nécessaire d'avoir une ligne de conduite et de s'y tenir. Cette faculté à rebondir et à s’engager dans la pratique est importante.


Samuel revient sur l'expérience de son Ironman en Afrique du sud.

Il nous rappelle que si le corps possède des limites, il ne faut pas non plus oublier que le mental, dans une compétition, importe autant que le physique.

Au-delà de son expérience en tant qu'athlète, il explique, aujourd'hui comme entraîneur, comment gérer l'après défaite.

Pour finir, il rappelle le rôle essentiel de la défaite dans la progression d'un sportif.

Selon Frédéric, également triathlète du club Angers Triathlon, la défaite permet de se poser des questions. Il s'agit également de pratiquer l’introspection, en tant que sportif, pour chercher à comprendre ce qui a échoué.

Enfin, il faut toujours garder à l’esprit que la défaite fait partie du jeu et surtout, du sport.


Préparateur mental auprès de sportifs de haut-niveau, Raphaël nous livre son approche de la défaite sportive et en souligne les bienfaits


Pour aller plus loin, écoutez le poadcast dans sa totalité. Raphaël détaille son métier, notamment ses interventions auprès de sportifs mais aussi les différentes étapes de préparation en amont des compétitions. Il nous raconte également pourquoi apprendre la défaite et nous révèle si, selon lui, la défaite est suffisamment abordée dans notre société. Pour finir, il nous dévoile son parcours personnel et témoigne de ses propres expériences en tant que sportif.



Adepte de la compétition depuis ses 12 ans, Alison ne se voit plus arrêter la compétition. Son niveau lui donne envie de s'entraîner plusieurs fois par semaine. Elle aime se confronter à des nouveaux adversaires et plus particulièrement le challenge que génère l'affrontement.

Nous l’avons interrogée sur le sujet de la défaite, elle nous raconte sa perception de la défaite et son vécu en tant que sportive.


La défaite apparaît donc comme un sujet aussi sensible que complexe dans la vie des sportifs de haut-niveau tout comme dans celle des sportifs amateurs. Pour autant, il n'est pas bon de l'ignorer : au contraire, la défaite sportive ne doit pas être éludée mais utilisée intelligemment. Elle permet au sportif de se remettre en question et par voie de conséquence de progresser, dimension essentielle du sport, qu’il soit individuel ou pratiqué en équipe.

Bien que la défaite soit commune à tous, elle reste peu abordée dans notre société. On peut facilement imaginer la première réaction d'un sportif face à une défaite : la déception, la tristesse voire la rage. Pourtant, il arrive parfois que ces émotions soient davantage suscitées par la réaction des supporters ou de ses coéquipiers que par le sentiment du sportif lui-même. C’est pourquoi s’entourer de sa famille ou de ses proches demeure essentiel. L’apport de coachs sportifs ou de préparateurs mentaux peut aussi devenir incontournable quand le sportif accorde une importance particulière à son sport, sa passion.

Les nombreux témoignages recueillis dévoilent tous les enjeux qui découlent de la pratique d’un sport et des défaites vécues.

Finalement, la défaite est bien plus qu’un échec : c’est un fondement de la réussite.

Dans la vie comme dans le sport, il faut savoir se relever et analyser son échec afin de s'en servir pour rebondir...car après une défaite, une jolie victoire vous attend...