En eaux chaudes

Défis et solutions face au réchauffement des océans

Des micro-organismes aux baleines beluga, le réchauffement des océans impacte de nombreuses espèces, entraînant des effets en chaîne dans les écosystèmes, selon un nouveau rapport de l'UICN. Nous nous arrêtons ici sur les problèmes qui en découlent - et comment le Congrès mondial de la nature de l’UICN qui se déroule actuellement y apporte une solution.

Jusqu’à aujourd’hui, les océans nous ont protégés des pires effets des changements climatiques, en absorbant la plupart de la chaleur causée par l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, et en captant environ un quart du dioxyde de carbone relâché dans l’atmosphère. Le réchauffement et l’acidification des océans qui en résultent se sont ajoutés à d’autres pressions sur la vie marine comme la pollution et la surpêche, et de nombreuses populations d’espèces disparaissent ou se modifient.

Des pôles aux tropiques, les planctons, les méduses, les tortues et les oiseaux de mer sont poussés à remonter de 10 degrés de latitude vers les pôles pour trouver des habitats plus frais, tandis que certaines aires de reproduction pour les tortues et les oiseaux de mer disparaissent.
© Deepak Apte

Des espèces qui modifient leurs routes

Les schémas de répartition de certaines espèces, comme le thon pélagique, le hareng et le maquereau d'Atlantique, les sprats et anchois européens, modifient peu à peu leurs routes en réponse au changement des températures de l’océan. Certains poissons modifient leurs routes de dizaines voire de centaines de kilomètres par décennie.

© Vincent Kneefel
Mais toutes les espèces ne sont pas capables de s'adapter.

Au cours des trente dernières années, avec le réchauffement de la planète, la fréquence du blanchiment des coraux a triplé. En Australie occidentale, de grandes zones de forêts de varech ont disparu lors d’une vague de chaleur marine. Dans l’océan austral, ce réchauffement progressif est allé de pair avec le déclin du krill et de populations de nombreux oiseaux de mer et phoques.

« Dans le monde entier, les mangroves envahissent des écosystèmes dominés par les marais, ce qui est à l'heure actuelle l’une des transformations de la répartition végétale les plus dramatiques » - Rapport de l’UICN, Expliquer le réchauffement mondial

© Nisha D'Souza
« Vous vous inquiétez du sort des ours polaires ; nous aussi. Mais personne ne s'inquiète de notre sort, car nous aussi nous allons perdre nos maisons avec la fonte des glaces et l’augmentation du niveau de la mer » - Anote Tong, ancienne Présidente de la République de Kiribati, la nation insulaire la plus basse du monde.
© IUCN/Frank Koloi

Le réchauffement des océans entraîne des impacts en chaîne qui atteignent la société humaine. Les communautés qui s'appuient sur les océans pour leur subsistance quotidienne - typiquement les nations côtières les plus pauvres - subiront probablement les plus grandes pertes. La pêche en océan, le tourisme, l’aquaculture, la gestion des risques côtiers et la sécurité alimentaire sont tous menacés par le réchauffement des océans, associé à la surpêche et à la croissance démographique.

« Les effets sur la sécurité alimentaire devraient être plus forts dans les pays tropicaux et sous-tropicaux où l'on s’attend aux plus fortes réductions dans la production halieutique. Cependant, malgré l'importance potentielle des effets du réchauffement des océans sur la productivité halieutique marine dans un grand nombre de ces pays, la croissance démographique et la qualité de la gestion des ressources auront probablement beaucoup plus d’influence sur la disponibilité des poissons par habitant dans les prochaines décennies » - Rapport de l’UICN, Expliquer le réchauffement mondial

© Nisha D'Souza

Les océans à la croisée des chemins

Le rapport recommande une série de mesures pour lutter contre ces impacts, notamment une atténuation des émissions de CO2, une augmentation des aires marines protégées, la protection de la haute-mer et des fonds sous-marins dans le cadre du droit de la mer, et le développement de la Convention sur le patrimoine mondial.

Les participants au Congrès mondial de la nature de l'UICN, qui se déroule actuellement à Honolulu, Hawai'i, se penchent sur ces questions
<<Nous ne devons pas aller dans une direction où le marché décidera du sort de la nature>> Braulio Ferreira, Directeur, CDB, lors du Dialogue de haut niveau sur la durabilité des océans du Congrès de l'UICN

Cette semaine, des centaines de délégués voteront sur une motion pour accroître l'étendue des aires marines protégées pour assurer l’efficacité de la conservation de la biodiversité. Non loin de là, au large des côtes d’Hawai'i, le monument national marin Papahānaumokuākea, également site du Patrimoine mondial de l’UNESCO, a été étendu la semaine dernière, devenant ainsi la plus grande réserve marine du monde.

« J'espère profondément que le monument national marin de Papahānaumokuākea ne gardera pas ce titre trop longtemps, et que quelqu'un d’autre ira encore plus loin et désignera une aire encore plus grande » - Sally Jewel, Secrétaire de l’intérieur des Etats-Unis.
© Pablo Clemente-Colon

Une autre motion sera votée au Congrès de l'UICN, sur le thème suivant : Promouvoir la conservation et l'utilisation durable de la diversité biologique dans les zones situées au-delà de la juridiction nationale, qui représentent les deux-tiers des océans du monde.

Une motion pour constituer des réseaux représentatifs d'aires protégées dans l’Antarctique et l’océan Austral sera également débattue et mise au vote.

Le Congrès devrait également s’exprimer sur des motions concernant les approches régionales pour lutter contre le problème mondial des déchets marins, et sur la protection des habitats côtiers et marins contre les résidus miniers. En reconnaissance du rôle important que les océans jouent pour les changements climatiques, une autre motion propose de prendre davantage en compte l’océan dans le régime climatique.

Découvrez tous les événements liés aux océans au Congrès de l'UICN ici.

« Nous devons protéger nos océans comme si nos vies en dépendaient – car c'est le cas » - Sylvia Earle, membre de Ocean Elders et fondatrice de Mission Blue

© Meagan Gindi

Organisé à Honolulu, Hawai'i, du 1 e au 10 septembre 2016, le Congrès de l'UICN aidera à montrer la voie vers un futur durable.

© Dave Poore