Un commerce brutal

Porter un coup d'arrêt au trafic d’espèces sauvages

Le trafic d'espèces sauvages sape des décennies d’efforts mondiaux en faveur de la conservation et mène les espèces vers l’extinction. Les participants au Congrès mondial de la nature de l’UICN, qui se tient actuellement, travaillent ensemble pour montrer la voie et renverser cette tendance.

L'existence même de certains des mammifères les plus charismatiques est menacée, et certaines populations se limitent à quelques milliers d'individus, comme l’a révélé aujourd’hui la mise à jour de la Liste rouge de l’UICN des espèces menacées™.

Il apparaît ainsi que quatre des six grandes espèces de singes sont désormais En danger critique - à un pas seulement de l’extinction : le gorille oriental, le gorille occidental, l’orang-outan de Bornéo et l’orang-outan de Sumatra. Le zèbre des plaines, ainsi que trois espèces d’antilopes africaines, ont également connu une dégradation de leur situation, et leur statut est passé de Préoccupation mineure à Quasi menacé.

La chasse illégale, associée à la disparition des habitats, est responsable du déclin.
La chasse a décimé la population de gorilles de Grauer, la réduisant de 77% depuis 1994. Elle est passé de 16 900 individus en 1994 à seulement 3800 en 2015.
Gorille de Grauer, Parc national des volcans, Rwanda © Jason Hall CC BY-NC-ND 2.0

Les espèces sauvages sont illégalement vendues pour de nombreuses raisons. Elles sont utilisées pour l'alimentation, la médecine traditionnelle, ou les vêtements et ornements. Le commerce illégal d’espèces sauvages est le quatrième commerce illégal au monde, et brasse entre 7 et 23 milliards de dollars US chaque année, selon les estimations.

Le trafic d’espèces sauvages est une menace mondiale. Il implique de plus en plus le crime organisé, et ébranle le développement économique durable.

« Il est impossible de lutter contre le commerce illégal d'espèces sauvages sans s’attaquer à la corruption » - John Scanlon, Secrétaire général, CITES, s’exprimant lors d’une session de haut-niveau au Congrès de l'UICN.

Il est temps aujourd'hui d’agir

© IUCN/Esther Birchmeier

Alors que le nouvel ordre du jour mondial en matière de conservation se dessine au Congrès de l'UICN à Honolulu, le trafic d'espèces sauvages fait partie des principales questions mises sur la table. Les leaders mondiaux de la conservation ont étudié diverses solutions lors de la session de haut-niveau : « C’est l’affaire de tous : mettre fin au trafic d’espèces sauvages ».

La semaine prochaine, les Membres de l'UICN voteront sur deux motions qui abordent ce problème critique. Reconnaître, comprendre et accroître le rôle des peuples autochtones et des communautés locales pour lutter contre la crise du commerce illégal d’espèces sauvages est le sujet de l’une des motions.

Les peuples autochtones et leurs pratiques traditionnelles peuvent jouer un rôle vital dans la protection de la vie sauvage, et peuvent garantir son utilisation durable.
© Organisation Kesan

Cependant, ils sont souvent ignorés dans les efforts de lutte contre le trafic d'espèces sauvages, où l’accent est surtout mis sur l’application de la loi et la réduction de la demande de consommateurs envers les produits tirés de la vie sauvage.

Les peuples autochtones et les communautés locales qui vivent avec ces espèces sauvages doivent être reconnus comme des partenaires à part entière pour lutter contre le commerce illégal de vie sauvage, selon cette motion.

La deuxième motion encourage les gouvernements du monde entier à fermer leurs marchés intérieurs d'ivoire. Le massacre illégal des éléphants pour leur ivoire est un problème dans de nombreux pays d’Afrique, et de nombreuses parties demandent à ce que les pays du monde entier ferment leurs marchés intérieurs d’ivoire en réponse. Cependant, les Membres de l'UICN ne sont pas unanimes sur la question - le vote aura lieu la semaine prochaine.

© National Geographic/Elizabeth Neumann
« Heureusement, la menace que pose le trafic d'espèces sauvages est sous le feu des projecteurs, que ce soit au niveau local, national ou mondial, par des leaders du monde entier qui se lèvent et disent : Il faut arrêter cela ! »
Inger Andersen, Directrice générale de l’UICN
© IUCN/Maegan Gindi

Organisé à Honolulu, Hawai'i, du 1 au 10 septembre 2016, le Congrès de l'UICN aidera à montrer la voie vers un futur durable.

Hawaiʻi © Dave Poore