Dans les pas d'Olivier Lecomte

Viticulteur biodynamique

"La biodynamie, c'était un cheminement logique", présente Olivier Lecomte, chef d'exploitation du Château de Passavant à Passavant-sur-Layon, dans le Maine et Loire, depuis 1993. Certifié AB en 1998, le domaine a décroché la certification Demeter en 2011. 
La biodynamie à trois secrets : "l'homéopathie, la mémoire de l'eau et les positions astrales".  
Depuis 1998, plus aucun produit phytosanitaire de synthèse, ni engrais chimique, ni désherbant n'est utilisé au château. Olivier Lecomte les a troqués contre des produits issus de la terre, du compost, du cuivre, du souffre, etc. Et, depuis 2011, par des préparations vendues par des biodynamistes français. Elles sont à base de bouse de vache (préparation 500) ou de silice (501) et permettent de renforcer et de développer la vigne. 
La préparation 500 doit être placée dans une corne, où elle se composte et forme une espèce de terreau noir qui sera mélangée à de l'eau de pluie à 37 °C. Elle sera ensuite dynamisée (brassée énergiquement) une heure avant d'être pulvérisée.

La biodynamie demande un appareillage spécifique et du personnel supplémentaire. Olivier Lecomte emploie, lui et sa femme compris, douze équivalent temps plein. Des employés qualifiés qui partagent l'engagement bio de l'exploitant, propriétaire de 55 hectares. 

"Le plus difficile, c'est de maîtriser les adventices (les mauvaises herbes). Cela nécessite un équipement inter-ceps et un matériel de traction". 
Jean-François est mécanicien. Le jour de notre reportage, il travaille sur un terrain très humide, mais sableux.

"Comme il n'a pas fait froid cet hiver, il y a un salissement important des sols. L’herbe a énormément poussé", précise Olivier Lecomte. Il a toujours herbé une partie de son exploitation, même avant sa conversion. Cela limite notamment l'érosion et la pourriture des sols et permet d'augmenter l'imperméabilité des terrains. 

Ici, les lames des appareils viennent gratter les souches : il faut bien veiller à ne pas les abîmer, mais également à ne pas en être trop loin. Pour un hectare, il faut compter trois à quatre heures de travail. Dans une exploitation conventionnelle, le désherbage prend une dizaine de jours. Au Château de Passavant, ça prend plus de six mois...

Côté taille, le travail est quasi le même qu'en conventionnel. Olivier Lecomte la veut courte, "pour limiter le rendement, et ainsi optimiser l’expression du terroir dans les vins, et pour mieux contrôler la vigne". Courte, elle sera aussi moins sensible aux maladies et nécessitera donc moins de traitements.

Six personnes travaillent six mois de l'année sur les parcelles du Château de Passavant. Des saisonniers fidèles et aguerris. 

La bête noire de la vigne, c'est le mildiou. Pour limiter le développement des oeufs, Olivier Lecomte mélange de la prêle (achetée sèche et broyée) à du cuivre ou du souffre. Il utilise aussi de l'ortie... Avec ce traitement homéopathique, la vigne est dopée !

Lucie, diplômée d'une école d'ingénieur, est responsable du chai, construit en 1975. Si on y trouve des cuves traditionnelles, en inox, le chef d'exploitation a également opté pour des cuves en terre cuite. Des petits contenants, de 18 hectolitres, qui permettent de faire une sélection parcellaire. Les vins s'élèvent seuls sur lies. Un processus qui donne du goût au vin.

Olivier Lecomte produit 14 vins, 7 appellations, en blanc (sec et moelleux), rosé, rouge et effervescent. Environ 20 % de sa production part à l'étranger. 
"Les vins biodynamiques ont plus de légèreté, plus de minéralité, plus de finesse en bouche. Mais il y a encore beaucoup a expliqué aux professionnels et aux particuliers sur notre production", conclut Olivier Lecomte. Il s'envolera au ProWein de Düsseldorf dans quelques semaines défendre sa conversion.