Top albums, la promo 2015

Les 20 meilleurs élèves viennent d'horizons divers.
Tous partagent cependant une qualité : ils ont apporté un peu de lumière dans une année ayant trop vite basculé du côté obscur.
Deuxième partie en vidéos

While Heaven Wept ­ Suspended at Aphelion

Les Américains offrent un long poème symphonique d'une quarantaine de minutes comme seul le metal peut en distiller de temps à autre. Mélange de douceur et de rage, d’arpèges et de riffs, aussi céleste par instants que brutal à d’autres. Des émotions multiples pour une unique pièce scindée en onze parties. Cette exploration de l'âme mérite sa place aux côtés des œuvres similaires majeures telles qu’Operation Mindcrime ou Don’t Break the Oath.

Pond ­
Man It Feels Like
Space Again

Simple side project de Tame Impala à l'origine, Pond s’impose comme une valeur sûre avec Man It Feels Like Space Again. Fort d'une pochette largement inspirée de Cheap Thrills de Janis Joplin et ses Big Brother and the Holding Company Cette oeuvre barrée, espèce demontagne russe psychédélique, oscille entre pop, ballade épurée tendance Plastic Ono Band à la sauce space rock et épopées interstellaires qui font du groupe une sorte de Flaming Lips de l’hémisphère Sud. L'une des plus belles sources d'évasion de l'année.

Toto ­
Toto XIV

Même si la machine Toto est relancée depuis cinq ans, rien ne laissait présager que Falling In Between, dernier album studio en date des Américains connaîtrait un jour un successeur. L'excellent Toto XIV vient tout contredire. Le pari était risqué mais le millésime 2015 n’est pas qu’un vulgaire album de plus. Ni même un bon album. C’est un grand disque de Toto. L’un des meilleurs d’une discographie qui ne souffre finalement hélas que d’une faille : sa sortie a coïncidé avec le décès de Mike Porcaro. L'ancien bassiste du groupe souffrait, depuis des années, d’une sclérose latérale amyotrophique. Il avait 59 ans.

Matthew E. White ­
Flesh Bomb

Il y a deux ans, son premier album, Big Inner, petit chef­d'œuvre de soul jazzy ouvrait la voie. Cordes, cuivres, chœurs gospel venaient habiller des chansons simplement composées en piano­voix pour un résultat nourri à la soul des Curtis Mayfield et autres Marvin Gaye. Pour ce nouvel effort baptisé Flesh Bomb, le colosse a ressorti le grimoire, rassemblé les mêmes ingrédients, puisé dans les mêmes inspirations tout en rajoutant une pincée supplémentaire de pop (lui, le grand fan des Beach Boys et de productions spectoriennes) et de rock. Le résultat est aussi limpide que sublime.

Twin Peaks ­
Wild Onion

Seize titres dont la durée excède rarement les trois minutes. Les quatre lascars de Chicago (19 ans de moyenne d'âge) peuvent se vanter d'avoir sorti l'un des meilleurs disques de garage rock de l'année. Sève stonienne, touches de Pixies et autres Hives ou Strokes, Twin Peaks revisite l'histoire du rock, des Beatles jusqu’à ceux qui ont permis le retour des guitares en premier plan au début des années 2000, en passant par les Stranglers. Certes, l'ensemble est encore un peu vert mais la niaque est bien là et laisse augurer d'un avenir radieux.

Villagers ­
Darling Arithmetic

Le troisième effort de Conor O'Brien et ses fictifs Villagers est un modèle de pureté. Ecrit, enregistré, produit et mixé par l'artiste lui­même, Darling Aritmethic s'impose comme un disque aussi dépouillé sur la forme qu’il est riche sur le fond. N’y cherchez aucun orchestre à cordes, aucun arrangement destiné à combler les silences. Encore moins des couches de guitares multipliées à l’infini. L'Irlandais a privilégié les harmonies et les climats afin d'accoucher d'une galette qui nécessite quelques écoutes avant de se livrer.

Jacco Gardner ­ Hypnophobia

En 2013, on en avait fait notre chouchou. Il faut dire que Cabinet of Curiosities, le premier album du Néerlandais était splendide. En douze mini­symphonies psychés et moins d'une mi­temps de foot, l'autoproclamé "multi instrumentiste fauché" ravivait un genre noble, la pop baroque, et à travers lui, le souvenir des Lee Hazlewood et autres Left Banke. Il redonnait vie aux Zombies, à Love, Sagittarius ou encore Millenium. Piochait l'inspiration chez le Syd Barrett d'avant 68. Plus axé seventies que son prédécesseur, Hypnophobia contient son lot de ritournelles imparables. C'est propre, au sens noble de terme, toujours aussi bien ficelé et bougrement efficace. Sur le podium sans conteste.

Blur ­
Magic Whip

L'un des grands retours de l'année. Et une belle réussite à la clé pour Damon Albarn et ses potes. Magic Whip n'est ni plus ni moins que le Abbey Road de Blur, à savoir l'album des retrouvailles dans une ambiance apaisée. Douze ans après Think Tank, mais dix­huit après 13, dernier disque enregistré jusque­là avec le line up d'origine. Chant flegmatique, chœurs volontiers désabusés, formats pop teintés de comptines anglaises... La recette Blur est respectée à la dose près, l'inspiration intacte. Rien ne dit, pour l'heure, qu'il s'agit­là de l'ultime effort du quatuor. Mais si ça devait être le cas, la sortie serait classieuse.

Django Django
Born Under Saturn

Les Britanniques relèvent sans souci le difficile défi du deuxième album. Born Under Saturn est un excellent recueil de chansons fraîches et énergiques, à l'image de l'impeccable Giant qui ouvre le bal de façon magistrale. Entre surf music, clins d'œil à la scène new wave et touches synthétiques, le groupe est parvenu, à quelques détails près, à mettre en place cette bande originale imaginaire à laquelle il semblait tenir.
Patrick Watson – Love Songs For Robots Comment faire mieux que le délicat Adventures In You Own Backyard ? A vrai dire, Patrick Watson ne s'est guère embarrassé avec ce genre de considération. Après tout, les Beatles ont bien sorti Sgt Pepper après Revolver... Laissant toujours libre cours à son inspiration en partant d'un canevas folk, le Canadien a, une nouvelle fois, façonné des mélodies subtiles.