Il culmine à 2 622 mètres d'altitude dans le centre Corse et est le point culminant du deuxième massif le plus haut de l'île. Le monte Rotondu est pour beaucoup l'un des plus beaux sommets de la région. Certainement à cause du panorama inoubliable qu'il offre aux randonneurs.
Son massif possède sept lacs, sept joyaux qui font toujours autant rêver les randonneurs et les amoureux de la montagne. Ils sont souvent une étape immanquable de l'itinéraire et l'on n'hésite pas à faire quelques détours pour arpenter leurs berges.
Parfois les promeneurs font de ces sites remarquables le but ultime de leur sortie, juste pour le plaisir des yeux et la satisfaction « d'y être arrivé », ce qui n'est pas toujours une mince affaire !
Depuis la face Nord ou la face Sud, plusieurs itinéraires existent pour atteindre la croix de bois, au sommet du Rotondu, avec chacun ses difficultés propres et son lot de paysages incroyables.
De nombreux lacs au sommet
Si le massif du Rotondu possède sept principaux lacs, depuis le sommet de son point culminant, nous ne pouvons en apercevoir que quelques uns.
Trois noms pour un seul lac
Le plus beau de tous est sans aucun doute le lac de Betaniella. Il culmine à 2 321 mètres d'altitude.
Il est également appelé lac de Bellebone ou simplement lac du Rotondu. Quel que soit son nom, il est le plus grand lac naturel de Corse avec 425 mètres de long sur 225 de large avec une profondeur de 35 mètres.
Galiera et l'Oriente
Du sommet, si l'on observe la face Nord, on ne peut pas manquer les deux lacs situés juste sous nos pieds. Le premier, le plus petit est le lac de Galiera (ou Gardiola). C'est le plus haut lac de Corse avec 2 442 mètres d'altitude.
Le second, plus grand, est le lac de l'Uriente et se trouve à 2 060 mètres d'altitude.
Les pelouses du Ninu
Le lac de Ninu, à 1 743 mètres d'altitude, est le deuxième plus grand lac de Corse avec 6,5 hectares de superficie. Il est entouré de pozzines qui sont parcourues par des chevaux en liberté à la saison estivale.
Il est visible depuis le sommet du Rotondu.
Melo, Capitello et Goria
Les deux premiers, qui culminent à 1 710 et 1 930 mètres d'altitude, sont certainement les lacs les plus connus de Corse. En effet, il suffit d'une heure de marche depuis les bergeries de Grotelle, dans la vallée de la Restonica, pour les rejoindre.
Le lac de Goria (1 852 mètres), lui, se fait déjà plus désirer. Seuls les plus aguerris pourront le rejoindre.
Les nénuphars de Creno
Le plus bas des lacs naturels Corse, et le seul entouré d'arbres est le lac de Creno, à 1 310 mètres d'altitude.
Totalement encerclé de pins laricio, il est l'un des plus beaux lacs de l'île notamment quand les nénuphars sont en fleurs sous le ballet des libellules. On ne peut malheureusement pas l'apercevoir depuis le Rotondu.
On appelle également ce lac, le lac du diable à cause d'une légende...
« La légende veut que le diable ait eu sa cachette au fond de la cuvette du lac, sans doute pour échapper une fois de plus à Saint Martin, son grand adversaire, mais il en aurait été délogé par les prières d'un Saint homme, qui avaient eu pour effet de vider l’eau du lac. Après la fuite du diable, l’eau du lac est revenue.
Maintenant ces lieux maléfiques et enchanteurs sont protégés par Saint Eliseo, qui a sa chapelle de pèlerinage juste au-dessus, à 1500 mètres d’altitude.
Le 29 août est la date traditionnelle du pèlerinage de Saint Elisée, la cérémonie religieuse se termine par un apéritif et un pique-nique sur place ou autour du lac. »
Et bien d'autres...
Il existe plein d'autres petits lacs sur le massif. Certains peuvent d'ailleurs être observés depuis le sommet du Rotondu ou les sommets environnants. C'est le cas des lacs de Pozzolo, Rinoso, Soglia, Soprano, Sottano ou encore Sorbi...
Un abri à 2 600 mètres d'altitude
Aux pieds du sommet, à plus de 2 600 mètres d'altitude, existe un abri en pierres, bien connu des randonneurs qui parfois y passent la nuit.
C'est l'abri Helbronner, du nom de l'alpiniste Paul Helbronner qui l'a bâti et qui a pu rester plus de 14 jours au sommet pour étudier la géographie de la Corse et déterminer ses points culminants.
En effet, on a longtemps cru que le Rotondu était le plus haut sommet de la Corse en lui attribuant à tord une altitude de 2 746 mètres.
« En 1925, Helbronner procède à la jonction géodésique directe de la Corse à la chaine méridienne des Alpes. Pour cela, il réalise pendant l'été 1925 une série de visées à partir de 4 stations choisies sur le Continent et de 3 autres installées sur trois sommets de la Corse. Ses mesures correspondent, à quelques centimètres près, à celles acceptées aujourd'hui. L'abri Helbronner du Monte Rotondo est une trace matérielle toujours visible de cette aventure. »
Refuges et bergeries
Véritables étapes pour les randonneurs, montagnards ou simples marcheurs, les bergeries et les refuges offrent, en plus du dépaysement, un point de ravitaillement ou de chute.
Ă€ chaque versant sa bergerie
En Corse, chaque vallée compte son lot de bergeries. C'est le cas pour celles qui entourent le Rotondu : Muraccioli, Timozzu, Gialghello, Gialgo ou encore Grotelle.
Ces lieux de vie, qui sont plus la plupart toujours en activité, sont la base d'une industrie incontournable de l'île de beauté : u casgiu, le fromage !
S'il est vrai que l'on croise de plus en plus de bergeries abandonnées par manque de volontaires pour reprendre l'activité, certains bergers se battent pour garder ces bâtisses en état ainsi que leur patrimoine et surtout leurs traditions.
Parfois les exploitants de ces terrains communaux proposent, pour augmenter leur activité, des services aux promeneurs. Comme par exemple un repas, une collation, des boissons ou simplement la production locale. Rien de tel qu'un fromage issu du casgile !
De refuge en refuge
Bien souvent les randonneurs se déplacent de refuge en refuge pour parcourir le célèbre GR20 ou simplement pour faire une étape et profiter de la montagne le temps d'une journée.
Les refuges, qui autrefois étaient plus rares, se sont adaptés à une nouvelle clientèle qui n'est plus aujourd'hui composée uniquement de montagnards mais également de promeneurs.
Ainsi les services ont changé pour répondre à la demande et les gardiens ont vu leur activité se diversifier et évoluer. En plus de l'accueil et le maintien en l'état des installations, ils répondent à un service plus commercial qu'auparavant.
Juste au dessous du Rotondu, après la forêt domaniale de Cervellu, se trouve le refuge de Petra Piana. C'est une étape incontournable du GR 20 et nombreux sont les randonneurs à s'y retrouver le temps d'une ou plusieurs soirées.
« L'esprit montagnard se perd un peu »
Le gardien, Pascal Battesti, regrette l'époque des véritables montagnards. Quand la montagne était encore inaccessible aux simples promeneurs.
« C'est un peu la plage-montagne » nous a-t-il raconté. « Il y a vingt ans on ne voyait pas de filles en string sur le GR, ou se faire bronzer sur un matelas. Il faudrait faire un trou et ramener de l'eau pour que les gens puissent se baigner » ironise-t-il.
« Toutes les cinq heures on trouve de quoi manger, de quoi dormir et boire. Ca permet à beaucoup plus de gens de venir. Dans 90% des cas les gens sont sympas mais... l'esprit montagnard se perd un peu. »
Des bĂŞtes dans les cirques
On ne parle pas ici de clowns et de chapiteaux mais de cirques de montagnes et de la faune qu'ils abritent.
Pour qui sait observer, une journée en montagne est une source de découvertes incroyables. Bêtes et bestioles, fleurs et rochers, tout est remarquable et mérite un petit peu d'attention.
Outre les animaux domestiques et les troupeaux il est possible de surprendre quelques espèces sauvages tels que des renards, des belettes, des sangliers ou d'autres mammifères.
Les oiseaux vivent également en sérénité dans ces hauteurs. Les gobemouches et les chocards sont notamment très nombreux. Mais ce sont souvent les grands rapaces tels que les aigles et les milans que les voyageurs remarquent le plus.
En randonnée sur le Rotondu
Il est possible pour les randonneurs aguerris de rejoindre le sommet du Rotondu depuis plusieurs itinéraires plus ou moins faciles d'accès.
Le plus connu étant celui qui démarre au pont de Timozzu dans la vallée de la Restonica.
Il est important de rappeler que pour se rendre en montagne, il faut s'équiper correctement et se renseigner sur les conditions météo locales.
La montagne peut ĂŞtre dangereuse !
Itinéraire : de la forêt de Cervellu au monte Rotondu
Attention cet itinéraire est réservé aux randonneurs aguerris.
Un autre chemin, un peu plus simple, peut-être emprunté depuis la vallée de la Restonica : cliquez-ici pour en savoir plus.
> Infos pratiques
Distance : 14 km (aller/retour)
Durée : 9 heures
Dénivelé positif : 1570 m
> Accès
Garez la voiture Ă la fin de la route dans la forĂŞt de Cervellu dans le centre Corse.
> Itinéraire (voir la carte ci-dessus)
Suivre la piste en terre qui s'aventure dans la forêt de Cervellu. Petit à petit la piste devient un sentier qui s'élève brutalement.
Le chemin traverse plusieurs cours d'eau avant de rejoindre les ruines des bergeries de Purcile.
Autour de 1500 mètres d'altitude on rejoint les magnifiques bergeries de Gialghellu et 100 mètres plus haut le col de Tribali.
Là il faudra suivre les cairns (petits tas de pierres) et le sentier bien visible sur la droite jusqu'aux bergeries de Muraccioli. (L'autre sentier, qui descend dans la forêt de conifères, rejoint le refuge de Petra Piana).
On continu le sentier jusqu'à passer un premier cours d'eau, les cairns quittent le flanc de montagne pour s'élever. Il ne faudra alors pas dépasser le second cours d'eau. Les cairns s'élèvent rapidement et l'ascension devient plus difficile.
On rejoint les exutoires du lac de Betaniella qui forment, sur des parties planes, de petites pozzines.
En suivant les cairns on rejoint le lac de Betaniella (Bellebone) par l'Est.
Pour rejoindre le sommet du monte Rotondu, il faudra contourner le lac par l'Est et prendre au Nord en direction du col du fer de lance.
Dans un pierrier, les cairns indiquent la direction Ă suivre jusqu'au col. Puis on continue de s'Ă©lever depuis la crĂŞte jusqu'Ă la croix de bois au sommet du Rotondu.
Le retour se fait par le même itinéraire.
Réalisation : Éric Cullieret et Nicolas Wallon
Photos : Nicolas et Laurent Wallon
