Juniors et compétiteurs en herbe au Mezzavia Tennis Club

En surface, de la terre battue. "Synthétique", nous précise-t-on. Notamment pour mieux survivre aux précipitations. Au club de tennis de Mezzavia, les talents, eux, ne sont pas artificiels. 

Tous les mercredis - et le samedi matin -  le club junior prend ses quartiers sur les hauteurs d'Ajaccio. Ce jour, des jeunes de tous les âges vont se succéder sur quatre terrains, sous l'oeil attentif de Dominique Martinetti, le directeur technique, et de son équipe d'encadrants. 

"À chaque séance, on découpe l'entraînement avec trois plateaux. Un atelier physique, un atelier technique, et du jeu dirigé", détaille Dumé Martinetti.

Cinq éducateurs mènent les entraînements à la baguette face aux groupes de six enfants, avec conseils avisés. 

"Le cours est préparé en amont. On se retrouve tous pour une réunion 1 heure ou 1 heure et demie avant le début de la séance".

Ce mercredi, il était prévu, pour les plus jeunes, de travailler le coup droit, la "position d'attente". Mais le vent fort oblige aussi à s'adapter. 

Selon où on regarde, selon l'heure à laquelle nous venons observer au MTC, les compétences des jeunes qui s'adonnent à la pratique du tennis varient. Les joueurs sont classés par catégorie d'âge, mais aussi selon trois niveaux : Blanc - les débutants -, rouge, et orange.

Place à l'académie

Et si, vraiment, le tennisman en herbe commence à montrer de belles dispositions, un travail plus individualisé peut être mis en place. 

Ainsi, 35 compétiteurs grossissent actuellement les rangs de l'Académie tennis à Mezzavia. "Chaque semaine, ils ont une séance physique, deux séances collectives et un entraînement individuel avec un éducateur brevet d'Etat", pose celui qui se décrit, pour vulgariser, comme un "directeur sportif"

Ensuite, ces derniers participent à des compétitions en Corse et ailleurs. "Lors des vacances de la Toussaint, nous avons fait une tournée dans la région d'Aix-en-Provence avec neuf compétiteurs", raconte Dominique Martinetti. 

Les entraînements, c'est bien mignon, "mais les compétiteurs font de la compétition", ajoute César Orlandazzi. Soyons clair. Ces voyages permettent aussi de resserrer les liens et de créer un attachement au club, ce qui tient à coeur au MTC

Justement, pendant que des enfants âgés de 6 à 8 ans animent la plupart des terrains, une joueuse de niveau ligue envoie des bûches depuis le fond du court, Alice Battesti, 11 ans, est une espoir du club. Face à elle, deux garçons venus spécialement pour lui donner un peu de répondant. 

Plus tard, ce sera Léa Verkindre qui prendra place sur le court pour un coaching individuel. Elle sera présentée par Dominique Martinetti comme l'espoir du Tennis Club Mezzavia. "À 13 ou 14 ans, les meilleurs quitteront le club pour rejoindre des Pôles", précise le directeur.

Des plaisirs différents

A côté, le Club Junior, créé en 1997 et ouvert à partir de 7 ans, parfait ses gammes. Dans l'atelier physique, on travaille la coordination, la tonicité. L'ambiance est studieuse, les séances sont cadrées, et le sérieux apparent n'empêche pas que les exercices soient réalisés dans la bonne humeur. 

Pendant l'échauffement, avant de prendre les raquettes en main, les rires s'entendent encore, certains font un petit point sur leurs vies, leurs amours. "J'ai largué mon mec", confesse une jeune joueuse à sa partenaire alors qu'elles s'obstinent à transpirer sur les ateliers physiques.  

"Est-ce que vous avez regardé dans quel sens va le vent ?", entend-on au loin. C'est dans l'atelier technique que la question est posée. Pour répondre aux défis du jour, effectivement, il faudra composer avec les éléments. 

Ce n'est pas le vent qui le pousse, mais Dumé Martinetti, vole d'atelier en atelier, tel un chef d'orchestre. Parfois, il stoppe l'entraînement d'un petit gars, lui donne deux trois conseils, le recadre sur sa "rotation des épaules". Tout est dans la pratique. Et la bonne, si possible.

Sur le troisième atelier, César Orlandazzi fait travailler le coup droit avec du jeu dirigé. Les enfants, quant à eux, sont présents pour jouer, pour progresser. 

Les féminines sont particulièrement nombreuses. "Comme au niveau national, il y a plus d'hommes que de femmes qui pratiquent le tennis. Mais l'ambiance club que l'on propose permet d'attirer des féminines. D'ailleurs, aujourd'hui, ce sont les filles les plus douées chez nous", avance Dumé Martinetti. Avant d'ajouter :  "Le niveau d'ensemble est très satisfaisant", alors que la catégorie des 9-12 ans a pris la suite des plus petits sur les terrains. 

Jusqu'à ce que la nuit tombe, les éducateurs vont voir circuler des jeunes sur les courts, jusqu'à 18 ans. "Entre l'éveil sportif pour les plus petits, à l'apprentissage ou l'exigence avec les plus vieux, ce sont des plaisirs différents". Un plaisir qui dure toute une après-midi. Un petit paradis, même pas artificiel. Ni synthétique. 

Texte : Frédéric Scarbonchi
Images : Nicolas Wallon