Parc naturel marin
du Cap Corse
Bastia veut s'y baigner aussi
Le maire de la ville va demander mardi au conseil municipal de donner un avis favorable à l'intégration de la façade maritime de la cité dans le périmètre.
Dans la foulée, l'Assemblée de Corse délibèrera dans ce sens...
Bastia ne veut pas rester à la porte du parc naturel marin du Cap Corse et de l'Agriate en voie de création.
La ville, avec sa façade maritime, a l'intention de franchir le seuil et d'intégrer le périmètre dont elle a été jusqu'à présent exclue.
Son maire, Pierre Savelli, refuse d'y voir l'écume d'une hostilité politique de la part de l'ancienne majorité territoriale, plutôt un rendez-vous manqué et un défaut de concertation sur l'opportunité à insérer le territoire bastiais dans le périmètre.
D'ailleurs, la situation est ambiguë puisque les deux possibilités ont été envisagées. D'une part, dans son avis préalable à l'enquête publique en date du 17 décembre 2015, la commission des aires protégées du Conseil national de la protection de la nature (qui dépend du ministère de l'Écologie) recommandait que le périmètre du parc ne fût pas étendu à Bastia sous peine "de déséquilibrer le projet", envisageant en contrepartie une convention entre la commune et le parc marin.
Mais d'autre part, la cartographie du Padduc relative au schéma de mise en valeur de la mer inclut clairement Bastia dans le périmètre.
Le parc marin a pour vocation de préserver une biodiversité exceptionnelle forgée au fil des millénaires par la rencontre des différents courants et la variété des fonds marins. Toutes les espèces emblématiques de la Méditerranée y sont bien représentées, mérou brun, langouste rouge, oursin violet, grande patelle, denti, corb, grand dauphin, corail rouge et grande nacre. On y a même découvert des habitats inédits comme les atolls de coralligène, de véritables monuments naturels dont l'origine et la dynamique n'ont pu être à ce jour élucidées.
Points bleus et points noirs
Les populations du Cap, de la Conca d'Oro, du Nebbiu et de Balagne ont fait de ce patrimoine un atout écologique, économique et culturel, commerce historique maritime, pêche, tourisme orienté sur la préservation des paysages.
Mais des points noirs existent, la pollution des déchets qui altèrent la qualité des eaux côtières, le trafic maritime commercial sur le canal de Corse pour lequel le ministère a établi des rails de circulation, la pression touristique qui peut s'accroître au fil des ans.
Les parcs naturels marins sont nés officiellement le 14 avril 2006 par voie législative.
Tous dépendent de l'Agence des aires marines protégées et poursuivent trois objectifs, la connaissance et la protection du milieu marin, et le développement durable des activités maritimes (professionnelles ou de loisirs), mais chacun jouit d'une gouvernance locale et détermine ses propres orientations de gestion selon ses spécificités dans tous les domaines, pêche professionnelle, activités portuaires, nautisme et sports de nature, tourisme balnéaire, recherche scientifique, etc.
L'archéologie y tient une place importante car le Cap a toujours été l'un des points de passage obligé des routes maritimes de la Méditerranée d'où sa richesse en épaves, près de 150 entités recensées dont plus d'un tiers appartient à l'époque antique, période hellénistique comprise.
Par ailleurs, la région a été le siège de plusieurs batailles navales durant la Seconde guerre mondiale dont la plus célèbre est celle de Pietracorbara le 9 septembre 1943 : un canonnier et deux barges allemandes ont été expertisés parmi une série d'épaves liées à cette période, dont des avions.
L'étude pour la création du parc autour du Cap et de l'Agriate a été placée sous l'autorité conjointe du préfet maritime de la Méditerranée et du préfet de la Haute-Corse.
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L'intégralité de cet article dans Corse-Matin du Dimanche 10 avril 2016