Le Stade Poitevin Volley 
monte au filet

Quart de finaliste des play-off en 2016, le Stade Poitevin a construit un effectif capable de jouer 
les premiers rôles en 2016-2017.

La trajectoire est linéaire. Le bilan frôle la perfection. En trois saisons passées à la tête du Stade Poitevin, Brice Donat a su rendre ses lettres de noblesse à l'un des clubs phare du volley-ball français. De la Nationale 1 aux play-off de Ligue A l'an passé, avec, entre les deux, un seul exercice en Ligue B, l'ancien passeur a fait des débuts fracassants au poste d'entraîneur.

Compétiteur dans l'âme, le technicien sait où il va et comment y parvenir. « Sans aucune prétention, le projet initial était de ramener Poitiers au plus haut niveau. Nous avons eu la chance d'être épargné par les pépins physiques lors des deux premiers exercices », indique l'intéressé. De retour en Ligue A en 2015 trois ans après une double relégation suite à un dépôt de bilan, les Stadistes ont notamment occupé la première place au soir de la 10e journée. Les blessures lors de la phase retour ont fait rentrer le promu dans le rang.

"Le pari fou de faire évoluer Nimir au poste de pointu"

Les Poitevins ont tout de même obtenu une méritoire qualification en play-off avant de tomber dès les quarts de finale contre une belle équipe de Sète. « Cette élimination me laisse un goût amer car j'aurais souhaité que nous allions encore plus loin. Mais accrocher le top 8 pour une première année en Ligue A reste exceptionnel. »
Cependant, à entendre Brice Donat, on comprend très vite qu'il ne souhaite pas s'arrêter en si bon chemin. Voilà pourquoi il a construit une équipe à son image. « La saison dernière, j'avais misé sur l'expérience, avec des garçons a disposition très tôt dans la saison. Nous pratiquions un jeu plus en rupture, avec des gros serveurs. Cette fois, nous revenons à une philosophie qui me ressemble, avec une bonne technique individuelle et une base collective solide. »


Le groupe a aussi été rajeuni. « On part sur un projet à moyen terme. Voilà pourquoi nous avons fait signer des joueurs sur plusieurs saisons (NDLR : Nimir deux ans, Barais trois ans, Schneider deux ans). » Surtout, le Stade Poitevin ne semble plus tributaire du rendement d'un ou deux éléments. Avec les arrivées de Tervaportti, Andringa, Jakovljevic ou Schneider, ajoutés aux anciens que sont Nimir, Bjelica et Aganits sans oublier le retour de blessure de Demirovic, le danger peut venir de partout. « Repositionner Nimir du poste de passeur à celui de pointu est un pari fou. Il a réalisé de belles choses durant la préparation mais il faut voir ce que cela va donner sur la durée. Dans ce contexte, l'arrivée de Tervaportti est très importante car c'est un passeur capable de s'adapter à tous les styles d'attaquants. »

Un championnat plus homogène

Forcément ambitieux, Brice Donat se veut aussi prudent. « La blessure de Bjelica en préparation nous fragilise. On perd notre capitaine, un élément moteur sur et en dehors du terrain. Je n'ai jamais pu évoluer avec mon équipe type lors des rencontres amicales. Et, avec un championnat comptant désormais douze formations (NDLR : contre 14 l'an passé), la Ligue A est encore plus homogène. Il faut se méfier », conclut-il. Mais, derrière Paris et Tours, les grosses écuries habituelles, Poitiers a aussi de quoi faire peur.

Nimir à l'action lors du premier match à Cannes le 22 octobre, gagné 3-1 par Poitiers (Photo correspondant Mickaël Pichon)

l'intersaison

> DÉPARTS

Jérémie Hébert (arrêt)
Jérémy Audric (Plessis-Robinson, Ligue B),
Romero Raydel Poey (Qatar)
Stoyko Nenchev (Strasbourg, Ligue B)
Bojan Janic (arrêt)
Rija Rafidison (Martigues, Ligue B)
Zbigniew Bartman (Galatasaray, Turquie)

> ARRIVÉES

Robbert Andringa (Lennik, Belgique)
Philipp Schneider (Montpellier, Ligue A)
Eemi Tervaportti (Galatasaray, Turquie)
Corentin Suc (Nice, Ligue B)
Nemanja Jakovljevic (Belgrade, Serbie)
Yaniss China (Calais, DEM)


Le Stade Poitevin

Président : Claude Berrard.

Coupe de France 2015-2016 : éliminé au 2e tour par Nantes (Ligue A) 1-3.

Championnat 2015-2016 : 8e de la saison régulière (15 victoires, 11 défaites), éliminé par Sète en quart de finale des play-off (2-0).

Palmarès : champion de France de N1B en 1989 et 1992, champion de France de Ligue A en 1999 et 2011, champion de France élite masculine en 2014, vainqueur de la coupe de France en 1996 et 2002.

Salle : Lawson-Body (2.500 spectateurs).

Entraîneur : Brice Donat.

Adjoint : Laurent Lécina.

Préparateur physique : Laurent Lécina.

Médecin : Philippe Bouchand.

Kinésithérapeute : Simon Gourdon

le calendrier

1re journée (22 octobre) : Cannes - Poitiers.
2e journée (29 octobre) : Poitiers - Sète.
3e journée (3 novembre) : Poitiers - Montpellier.
4e journée (11 novembre) : Paris - Poitiers.
5e journée (19 novembre) : Poitiers - Toulouse.
6e journée (26 novembre) : Chaumont - Poitiers.
7e journée (3 décembre) : Poitiers - Nantes-Rezé.
8e journée (9 décembre) : Nice - Poitiers.
9e journée (18 décembre) : Poitiers - Ajaccio.
10e journée (28 décembre) : Tours - Poitiers.
11e journée (7 janvier) : Poitiers - Narbonne.
12e journée (12 janvier) : Sète - Poitiers.
13e journée (21 janvier) : Montpellier - Poitiers.
14e journée (27 janvier) : Poitiers - Paris.
15e journée (3 février) : Toulouse - Poitiers.
16e journée (10 février) : Poitiers - Chaumont.
17e journée (18 février) : Nantes-Rezé - Poitiers.
18e journée (25 février) : Poitiers - Nice.
19e journée (5 mars) : Ajaccio - Poitiers.
20e journée (18 mars) : Poitiers - Tours.
21e journée (25 mars) : Narbonne - Poitiers.
22e journée (1er avril) : Poitiers - Cannes.

la règle du jeu

> SAISON RÉGULIÈRE

- Le championnat de Ligue A est composé de douze clubs.

- Toutes les équipes se rencontrent en matchs aller-retour et disputent vingt-deux rencontres.

- A la fin de la saison régulière, les équipes classées de la première à la huitième place se qualifient pour les play-off.

> PLAY-OFF

- Quarts de finale (au meilleur des trois matchs). A : 1er contre 8e. B : 2e contre 7e. C : 3e contre 6e. D : 4e contre 5e.

- Demi-finales (au meilleur des trois matchs) : A contre D et B contre C.

- Finale (au meilleur des trois matchs) : les vainqueurs des demi-finales s'affrontent. Comme pour les quarts et les demies, le match aller ainsi que la belle éventuelle ont lieu sur le terrain du mieux classé de la saison régulière. Le vainqueur de la finale est champion de Ligue A.

> MONTÉES ET DESCENTES

- A la fin de la saison régulière, l'équipe classée 12e est automatiquement reléguée en Ligue B.

- L'équipe classée 11e dispute les play-off avec les équipes de Ligue B classées entre la 2e et la 8e place.

- L'équipe classée 1re en Ligue B accède automatiquement en Ligue A.

- Les équipes classées entre la 2e et la 8e place disputent des play-off d'accession avec le 11e de Ligue A. Le vainqueur de la finale (match unique) monte ou reste en Ligue A.

le chiffre

2.000

La moyenne des spectateurs l'an passé. Le nombre des abonnés est aussi en augmentation. Doucement, Poitiers récupère une bonne fréquentation.

Berrard sans contre-indication

Le médecin vient de poser sa plaque pour quatre ans de nouvelle présidence. Claude Berrard veut refaire de Poitiers la place forte du volley français.

En 2012, on aurait pu l'appeler Red Adair (1) quand les flammes dévastaient le "feu" Stade Poitevin. En 2016, il ravive volontairement les braises pour embraser Lawson-Body. « Je veux que Poitiers redevienne la place forte du volley français. » Claude Berrard est un tenace à l'intuition développée. En 2013, il engage - seul - un jeune entraîneur de 37 ans: Brice Donat. Le médecin est gonflé. Il ne connaît rien au volley mais rédige son ordonnance. Élu la saison précédente, il prescrit un traitement de choc au moribond. Pari gagnant. En trois ans, Donat bascule Poitiers d'étage en étage pour le caler en Ligue A. Le parcours est impressionnant, presque surréaliste, et sans doute inégalé dans l'histoire du volley français.

Ça roule

Quatre ans plus tard, Berrard et Donat sont toujours dans le même bateau et personne n'a l'intention de tomber à l'eau. Bien au contraire. « Brice est extra, s'enflamme Claude Berrard. Il a encore recruté malin. Il sait parfaitement négocier pour former une équipe équilibrée. Nous avons des internationaux, des jeunes talentueux et un club sain. Que demander de plus?. » La réponse est pourtant simple: de l'argent!
Le président saute sur l'occasion à pieds joints. « Évidemment qu'il me faut de l'argent. Mais je me contenterais de 250.000€ supplémentaires. Pas plus. Et je deviens champion de France. » Oh le flambeur! « Non. Je suis sérieux. Je le dis d'ailleurs avec beaucoup de force, nous sommes le seul sport professionnel, du département et de l'ancienne région, à pouvoir décrocher un titre de champion. » Pas faux. En revanche, il va peut-être falloir patienter un peu. « Et pourquoi? L'an passé, Rennes a dominé le championnat de Ligue B de manière insolente avant de se faire coiffer en play-off par Nice qui avait un budget trois fois inférieur. Si au match aller des phases finales nous avions gagné à Sète, comme nous aurions dû le faire, nous pouvions espérer la demi. Et là, tout était envisageable. » Le slogan de 68 n'a pas une ride: "soyez réalistes, demandez l'impossible". L'optimisme mécanique de Claude Berrard respecte tout de même le champ du possible. Car le président a, depuis 2012, avalé quelques rasades de volley sans s'enivrer. Il est simplement euphorique à chaque intersaison. Et a-t-il tort? Pas sûr. Les partenaires et les supporters sont venus grossir les rangs de Lawson-Body car ils sentent que quelque chose se trame. « Cette année, vous pouvez être certains qu'il y aura du spectacle. Nimir à la pointe, c'est génial. Le passeur? Une pépite. Les "récep-attaque"? Des cadors. Derrière, ça va tenir la route. En revanche, la blessure de Bjelica (huit semaines d'arrêt, NDLR) me contrarie. Mais Brice a sa petite idée. Ça va rouler. »
Se pose néanmoins une question : est-ce que, en coulisse, tout roule aussi? « J'ai deux vice-présidents très efficaces. Pas de souci. » Oui mais derrière encore? « Bon, je n'ai pas d'argent pour embaucher mais ça va. Chaque chose en son temps. »
Claude Berrard veut donc du temps et de l'argent. Ça se tient. Ne dit-on pas que le temps c'est de l'argent. Il suffit donc qu'il dégage un peu de temps. Et cela semble être le cas puisque le médecin nourrit un petit projet qui pourrait l'occuper. « Je vais me présenter aux élections pour intégrer la Ligue Nationale. Je veux défendre mon idée de remonter la Ligue A à 14 équipes. Contrairement à beaucoup de clubs qui s'en foutent, moi, je perds deux recettes avec ce passage à 12. Il faut occuper cet espace entre septembre et octobre. Créons une coupe. Comme au basket ou au foot. Je vais tenter de faire bouger tout ça. » Et pardi. En revanche, là, il va devoir secouer très fort le président Berrard. Car en haut, c'est bien cramponné.

(1) Célèbre pompier américain spécialisé dans la lutte contre les incendies des puits de pétrole.

"Il faut comprendre qu'il y a un enjeu considérable."

De Claude Berrard à propos de l'aide des collectivités locales. « Le volley est un vecteur de communication très abordable, il ne faut surtout pas en douter. L'an passé, nous sommes passés six fois en direct à la télévision. Ça devrait interpeller. Nous sommes actuellement dans l'attente du montant des collectivités pour la saison prochaine, j'espère que nous serons accompagnés à la hauteur de nos souhaits. Mais j'ai confiance. »

Tours et Paris, mais encore ?

Eldin Demirovic le 22 octobre lors du premier match à Cannes  gagné 3 -1 par les Poitevins (Photo correspondant Mickaël Pichon)

LES FAVORIS

Le Tours VB est impatient. Les Tourangeaux qui ont dansé devant le buffet l'an passé veulent retrouver leur standing très rapidement. « Demi-finaliste, vainqueur de la Supercoupe et figurant parmi les douze meilleures formations européennes, ce n'est pas si mal tempère Pascal Foussard avant d'ajouter, mais pour un club comme le nôtre, ça ne suffit pas. »


Le manager général du TVB a donc mis les petits plats dans les grands. Notamment à la passe, en recrutant ce qui se fait peut-être de mieux en ce moment en France, le génial Espagnol Guillermo Hernan qui a failli décrocher le titre l'an passé avec Sète. Et comme il souhaitait bétonner le tout avec l'aide de son nouveau président, Yves Bouget (ancien président de la FFVB), Foussard a débauché l'entraîneur italien Giampaolo Medei de Beauvais pour remplacer le Belge Vital Heyen, en partance pour Friedrichshafen. La belle idée. Tours est donc paré pour le meilleur.

Après sept ans de disette, Paris a remporté son dix-huitième titre de champion de France face à l'Arago. C'était au printemps. Cet été, Nicholas Hoag est parti à Milan et Gasparini faire de l'argent en Corée. C'est lourd. « Un de mes premiers critères de recrutement a été de construire une équipe de caractère, détaille Dorian Rougeyron, l'entraîneur. Nuno Pinheiro, le passeur que l'on a bien connu quand il évoluait contre nous avec Poitiers ou Tours, Thiago Sens en récep-attaque ou Franco Paese, notre pointu, et tout récemment Baranek (ex-Poitiers) ont ce caractère. Ensuite, il faut essayer de faire en sorte que ces nouveaux joueurs, auxquels j'ajoute Taichiro Koga, le libero japonais, et Franck Lafitte soient complémentaires. Cette saison mon club aura un profil différent de sa devancière. Nous aurons sans doute moins de percussions au service mais plus de stabilité technique et émotionnelle. »

LES OUTSIDERS

On peut imaginer Ajaccio venir se mêler à la course au titre. Et ceci même si son entraîneur, Frédéric Ferrandez, veut passer à l'ombre. « On ne sait pas trop où l'on va dans un championnat aussi serré. Ce sera sans aucun doute la saison la plus difficile que j'aurai à gérer. Il va falloir se méfier de tout le monde. Nous avons une belle équipe il faut maintenant que tout cela se mette en place. Nos objectifs ne sont pas vraiment définis mais nous espérons être présents un peu partout, en championnat, en coupe de France, d'Europe. » Avec eux, les Corses pourraient être accompagnés de Poitiers (lire par ailleurs) ou encore de Chaumont dont on dit une nouvelle fois le plus grand bien. Silvano Prandi a perdu du monde au terme de l'exercice précédent mais a aussi bien recruté autour de sa petite perle à la pointe, Pierre Jean Stephen Boyer, 20 ans.

LES CANDIDATS AUX PLAY-OFF

Cédric Enard ne veut pas en faire trop mais le coach de Toulouse a réalisé un super-coup cet été. « La signature de Bram Van Den Dries est un petit évènement. Jamais nous n'aurions pu nous offrir un gars comme lui s'il n'avait pas été blessé en début d'année. Et comme il était trop court en équipe nationale cet été, il a fait tous les matches de préparation avec nous. Cela faisait trois ans que l'on avait du souci en pointe, j'espère que nous allons stabiliser tout cela. » Opéré d'un pied fracturé en janvier, Bram Van Den Dries n'a, depuis, jamais disputé de match de championnat.

Il y aura du monde sur la liste des demandeurs d'asile en play-off. Cannes par exemple qui ne veut plus galérer comme l'an passé. « Je vois quatre ou cinq équipes devant explique Pierre Pujol. Tours, Paris, Poitiers, Ajaccio et Chaumont. Elles seront en principe vite rassurées sur le sort. L'an passé, on avait gagné 14 matches mais une douzaine à 3-2. Si cette année on gagne encore 14 matches mais à 3-1, on sera en play-off. » Il faudra également suivre Nantes, toujours solide et Sète qui a enrôlé Redwitz à la distribution.

LES MENACÉS

On s'inquiète pour Narbonne, recordman du monde du repêchage en Ligue A. Le club de Florian Kilama (libero) va tenter cette fois-ci d'échapper aux affres des fins de saisons compliquées. Nice pourrait également être de la partie. Portés en Ligue A à la surprise générale tant Rennes avait dominé son sujet sur la saison régulière, les Niçois vont devoir cravacher pour éviter la pente savonneuse. Et Montpellier? Silence radio. Le MUC doit sans doute travailler à huis clos. Arrivé à l'intersaison de Tourcoing, Olivier Lecat va tenter de mettre de l'ordre dans un club qui subit de profonds bouleversements.

> Dossier réalisé par Jean-Jacques Cecconi et Pierre Samit

> Infographies Nouvelle République / Centre Presse

Photo correspondant Mickaël Pichon