Il y a cent ans, 22 femmes périssaient aux Lourdines

Le 8 décembre 1917, 22 ouvrières ont péri dans l'incendie de l'atelier de fabrique de gargousses aux Lourdines à Migné-Auxances.

Ce 8 décembre, à 10h au monument des Lourdines à Migné-Auxances, puis à la stèle du cimetière des Sous-Remuets, une commémoration rappellera le tragique événement survenu aux Lourdines qui a coûté la vie à 22 femmes il y a 100 ans.

Dans le livre "Poitiers en 1917" de Jean-Marie Augustin et Gérard Simmat, cet événement est raconté avec des documents iconographiques d'époque. A retrouver ci-dessous.

Pendant la Grande Guerre, de nombreuses carrières de pierre à l'arrière du front, sont réquisitionnées par l’autorité militaire qui y aménage des dépôts des munitions. Sur la commune de Migné, celle de Château- Gaillard, appartenant à Civet-Pommier, est choisie en juillet 1916 pour remplir cette mission. Elle est particulièrement bien située, car elle se trouve à proximité de la gare de Migné-Les-Lourdines utilisée habituellement pour le convoyage des blocs de calcaire.

À partir de 1917, pour les mêmes raisons, un atelier de fabrique de gargousses est installé entre la carrière et la voie ferrée. Il est composé principalement de deux baraques préfabriquées en bois édifiées sur le modèle imaginé par l'ingénieur Louis Adrian, par ailleurs inventeur du casque qui porte son nom et destiné à protéger les soldats des éclats d’obus dans les tranchées.

Le personnel est essentiellement féminin ; comme d’autres « munitionnettes » embauchées dans les usines d’armement, les ouvrières des Lourdines remplacent les hommes qui ont été enrôlés pour partir au front. Au nombre de 280 environ, elles sont de condition modeste. Certaines, filles ou épouses de petits paysans, de journaliers et de carriers, sont domiciliées à Migné ou dans les communes avoisinantes. D’autres viennent de Poitiers ; elles habitent dans les quartiers populaires : la rue de la Chaîne, la rue des Trois-Rois, la rue des Carmélites, dans les faubourgs de la ville : Montbernage, la Cueille Mirebalaise, ou encore plus loin à La Bugellerie. Leurs pères ou leurs maris sont des petits artisans, des ouvriers et des cultivateurs. Tôt le matin, elles prennent le train en gare de Poitiers jusqu’à celle de Migné-Les-Lourdines et reviennent tard le soir après une journée exténuante.

Le travail des ouvrières consiste à remplir de poudre à canon des petits sacs de toile, appelés gargousses, qui sont destinés à être incorporés aux douilles d’obus pour créer la charge explosive. Dans une première baraque, 110 gargoussières, sous la surveillance d’un sous-chef artificier, remplissent des sacs de poudre noire qui se présente sous la forme de pastilles. La seconde qui est plus vaste, est placée sous la direction d’un officier d’administration. 170 femmes y achèvent de préparer les gargousses de poudre noire en les pesant et en tassant les pastilles avec un maillet de bois, avant de fermer les sacs d’une simple ligature. Elles y conditionnent aussi des plaquettes de poudre B qui offre l’avantage d’exploser sans fumée, en les regroupant en fagots ficelés par des cordonnets grâce à un machine appropriée. La manutention des caisses de poudre et de gargousses est assurée par des soldats.

Soudain, la gargousse s'enflamme

Le 8 décembre 1917, à 10 h 45 du matin, dans la deuxième baraque, une ouvrière tend un sac de poudre noire qu’elle vient de tasser à une camarade chargée de le ligaturer. Soudain, la gargousse s’enflamme. Dans un geste instinctif, au lieu de la jeter dans un seau d’eau prévu à cet effet, elle la lance sur la table et une gerbe de feu jaillit comme une fusée en atteignant d’autres gargousses. L’atmosphère saturée de poussière de poudre noire propage l’incendie qui, en quelques secondes, gagne l’ensemble de la baraque. 

L’enquête menée après coup n’a pas pu établir la cause réelle de l’accident. D’après une lettre du préfet Marty adressée à Clémenceau, il serait dû « à une pointe d’aiguille dont se servent les ouvrières pour coudre les pastilles de poudre noire au fond de la gargousse ». Celle-ci serait restée « dans le tissu et aurait provoqué l’étincelle qui aurait successivement enflammé d’abord la poudre noire, puis ensuite la poudre B […] En tout cas, il n’y a pas eu d’explosion, mais une gerbe de feu qui a fusé au travers de la table ».

Cédant à la panique, les ouvrières affolées se précipitent dehors, mais plusieurs d’entre elles, entravées par les sacs qui les protègent du froid, car les baraques ne sont pas chauffées pour des raisons de sécurité, trébuchent, entraînent les suivantes dans leur chute et sont à leur tour enveloppées par les flammes. D’autres, asphyxiées par les gaz brûlants, tombent à terre, sans pouvoir se relever. Dans l’autre bâtiment, les femmes remplies d’épouvante s’enfuient à travers champs.

Trente wagons chargés de poudre en gare des Lourdines, à quelques mètres de la baraque incendiée

Les soldats préposés aux services de garde et de manutention se précipitent au secours des ouvrières dont les vêtements ont pris feu, mais un danger encore plus grand menace en raison de la présence d’un convoi de trente wagons chargés de poudre en gare des Lourdines, à quelques mètres de la baraque incendiée. En toute hâte, malgré une atmosphère irrespirable et une chaleur étouffante, les militaires, sous les ordres du capitaine Rodier, évitent de peu l’explosion, en repoussant les wagons qui étaient sur la voie ferrée. Dans ceux qui sont trop lourdement chargés pour être déplacés, les caisses sont enlevées à bras d’homme.

La plus jeune, Jeanne Gaultier, était âgée de 15 ans

Seize cadavres de femmes sont découverts dans les décombres et une quinzaine de blessées sont immédiatement transportées à l’Hôtel-Dieu de Poitiers. Cinq d’entre elles succombent à leurs brûlures avant leur arrivée à l’hôpital et une autre le surlendemain, ce qui porte à 22 le nombre des victimes : neuf habitaient la commune de Migné et treize étaient domiciliées à Poitiers ; la plus jeune, Jeanne Gaultier, était âgée de quinze ans.

Obsèques solennelles aux frais de l'Etat

Les cercueils des ouvrières décédées, recouverts d’un drap blanc et du drapeau tricolore, sont exposés dans la chapelle de l’Hôtel-Dieu. Le gouvernement Clémenceau a pris la décision que les obsèques solennelles auront lieu aux frais de l’État et Louis Loucheur, ministre de l’Armement, est délégué pour présider la cérémonie funèbre.

Le 13 décembre au matin, dans la cour de l’hôpital, les cercueils sont déplacés sur une estrade abritée par un tente drapée de noir et ornée de faisceaux de drapeaux tricolores. Le ministre, accompagné par le préfet Antoine Marty, entouré par un nombre important de personnalités civiles et militaires, s’incline devant les cercueils des victimes. 

Puis cinq discours sont prononcés. En premier, le lieutenant-colonel Genevois, commandant le Parc d’artillerie de Poitiers dont dépendent les carrières de Château-Gaillard, rappelle les circonstances de l’incendie avant d’exprimer ses condoléances aux familles. Ensuite, le général Réquichot, commandant la 9e région militaire, prend des intonations d’Union sacrée pour célébrer les trois modèles vertueux de femmes françaises : la paysanne qui fait germer le blé, l’infirmière qui soigne les blessés et l’ouvrière qui, suivant l’exemple des gargoussières de Migné, travaille dans les usines et les ateliers d’armement. Le préfet de la Vienne reprend les mêmes modèles pour souligner l’engagement des femmes au service de la Défense nationale, puis il associe dans la reconnaissance publique les victimes des Lourdines et les soldats tombés au champ d’honneur. L’avenir doit aussi être préservé pour le salut de la Patrie : de même que les poilus remplacent leurs camarades morts ou blessés dans les tranchées, les survivantes ont le devoir de reprendre le travail à la place de celles qui ont péri dans l’incendie.

Un discours est prononcé par un délégué du syndicat des ouvriers de la Manufacture d’armes de Châtellerault, mais son contenu demeure ignoré car il n’a pas été reproduit par les quotidiens locaux. Après les nombreuses grèves de 1917, notamment chez les munitionnettes, Clémenceau s’emploie à mater le mouvement ouvrier. Sans doute, les journaux poitevins n’ont pas osé braver la censure et ils ont préféré passer sous silence l’allocution du délégué syndical. L’Avenir de la Vienne s’en tire en écrivant qu’il n’a pas pu reproduire le discours, car il n’a pas réussi à se procurer le texte. Le Courrier de la Vienne, très conservateur, manifeste son indignation, par ce commentaire : « Nous regrettons qu’à ce geste si naturel de solidarité, se soient ajoutées des revendications dont le moins qu’on puisse dire est qu’elles n’étaient pas à leur place. Devant un deuil aussi grand pour occuper toutes les préoccupations, il ne convenait pas de formuler des revendications de salaires pour l’unique raison qu’un ministre était là ».

"Comme les braves qui meurent, elles sont mortes pour la France"

Suivant le protocole républicain, il revient au ministre de prendre la parole en dernier. Louis Loucheur rappelle que, sur le territoire national, cinq cent mille femmes travaillent « dans la métallurgie, aux obus, aux fusils, à la fabrication des poudres et des explosifs ». Grâce à elles, ajoute-t-il, « nos armées, dotées peu à peu des canons qui leur étaient nécessaires, ont pu résister et partout dominer l’envahisseur ». Il conclut en saluant les victimes au nom du gouvernement de la République : « Comme les braves qui meurent, héros obscurs ou soldats célèbres, elles sont mortes pour la France ».

Messe solennelle à la cathédrale

Au moment de la levée des corps, chaque cercueil est placé sur un fourgon d’artillerie décoré de drapeaux tricolores, puis le cortège funèbre se dirige, au milieu d’une foule énorme rassemblée sur les trottoirs, vers la cathédrale où une messe solennelle est célébrée par l’archiprêtre, en présence de Mgr Humbrecht, évêque de Poitiers.

L’intérieur de l’édifice est drapé de tentures noires et les piliers de la nef, entourés d’une spirale de voiles de deuil, portent chacun un trophée de drapeaux sortant d’un blason aux armes de Poitiers. Un immense catafalque, à l’entrée du chœur, domine les 22 cercueils placés à ses pieds. Le grand orgue est tenu par son titulaire, Émile Landais, et la maîtrise de la cathédrale fait entendre des chants liturgiques de circonstance. Avant l’absoute, Mgr Humbrecht, mitre en tête, monte en chaire pour prononcer une homélie dans laquelle, après avoir rendu hommage aux victimes, il invite les fidèles à la prière.

À l’issue de la cérémonie religieuse, un cercueil qui est réclamé par la famille est dirigé vers le cimetière de l’Hôpital-des-Champs, neuf prennent la direction de Migné et douze autres, accompagnés par un immense cortège, sont inhumés au cimetière de la Pierre-Levée.



Une stèle à la mémoire des victimes

Dans une délibération votée le 11 décembre 1917, trois jours après la catastrophe, le Conseil municipal de Poitiers décide d’élever un monument au cimetière de la Pierre-Levée à la mémoire des victimes avec le produit de souscriptions du public de l’État et de la ville.

Ce monument n’a jamais été construit mais les tombes, placées dans un carré entouré de buis, sont entretenues à perpétuité aux frais de la ville. Une stèle commémorative portant les noms des 22 gargoussières est élevée aux Lourdines, sur le lieu même de la catastrophe, et un monument funéraire, dans le style romano-byzantin du Sacré-Cœur de Montmartre, est érigé dans l’ancien cimetière de Migné.



L’hommage national rendu aux munitionnettes des Lourdines s’insère dans la politique menée par Clémenceau, président du Conseil et ministre de la Guerre depuis le 16 novembre 1917. Pour lui, la victoire ne peut être obtenue que par la force de l’unité nationale : « Droits du front et devoirs de l’arrière qu’aujourd’hui tout soit confondu ». Le « front de l’intérieur », toutes les classes sociales réunies ensemble, est mobilisé pour participer à l’effort de guerre et soutenir le courage des poilus.

Le Mignanxois Jean-Luc Carré rappelle le contexte local de ce drame: « De mémoire d'homme, on n'avait pas vu à Migné la mort faucher tant de vies si brutalement... C'étaient des jeunes filles et des femmes, bien souvent de pauvres veuves de guerre. De plus, de nombreuses familles étaient déjà en deuil puisque la commune a perdu 88 hommes sur les champs de bataille... A Migné, le moral des habitants est au plus bas. Beaucoup de familles ont reçu la visite du maire Norbert Proust venu leur annoncer la disparition d'un proche. Le froid intense depuis plusieurs jours et les restrictions alimentaires et en combustibles pour le chauffage affectent le moral de chacun. Les nouvelles du front ne sont pas bonnes... Seule note distrayante, la présence de jeunes artilleurs américains cantonnés dans le Pré Armé sur les bords de la rivière et au château d'Auxances. Venant de Virginie, ils sont là afin de se familiariser avec les armes françaises (N.D.L.R.: dont le canon de 75 mm) avant d'être engagés sur les différents fronts. »

Consulter l’article de Jean-Luc Carré, « Le drame des Lourdines, Migné-Auxances, décembre 1917 », Le Picton, n° 191, septembre-octobre 2008, p. 11-17.

Neuf noms de plus sur le monument aux morts

Depuis le 11 novembre 2017, le monument aux morts de Migné-Auxnces compte neuf noms supplémentaires : Julie Compaing, Mélina Grillas, Marie Guillon, Marie Jallais, Marthe Naud, Marie Néhémie, Emilienne Ramade, Valérie Villas, Chérie Vincent. Les neuf Mignanxoises sur les vingt-deux femmes qui ont péri dans l'incendie des Lourdines. 

Un timbre hommage

André Feller, président de l'association « les Épicuriens de la philatélie » de Migné-Auxances, est à l'origine d'un événement philatélique directement lié au centenaire de l'incendie des Lourdines. Des souvenirs philatéliques, dont un timbre spécifique, une oblitération, une carte postale et un encart, tous dessinés par Roland Irolla, ont été proposés à la vente lors de l'exposition de l'association Migné-Auxances Mémoires sur « les oubliés de la Grande guerre ». « Nous avons utilisé le dispositif "Mon timbre à moi" de la Poste pour créer un timbre "Lettre verte" permettant l'affranchissement d'un courrier postal de 20 gr », explique M. Feller.

Une bande dessinée par les jeunes de la Comberie

Le centre socioculturel La Comberie de Migné-Auxances participe à cet anniversaire sous une forme inédite, à savoir une bande dessinée.

Richard Sauzeau, animateur de l'atelier bande dessinée du centre socioculturel, a mobilisé 14 enfants âgés de 11 à 14 ans. Depuis octobre, chaque mercredi, ils traduisent le drame en dessins.

« On est parti d'un choix de mots clés pour définir quels visuels choisir: lettre de Poilu, les femmes qui travaillent, Migné à l'époque, l'accident, les flammes, la panique et les funérailles... » explique Richard Sauzeau.

L'influence de Tardi, célèbre pour ses planches sur la guerre de 14, est décelable, notamment dans le choix du dessin en noir et blanc mais s'y sont ajoutés des photos d'époque de Migné et le fruit de recherches personnelles. Au final, cela doit donner « deux doubles planches recto-verso en format 50 sur 60. La version imprimée restera sans doute en format A4, pour réduire le coût », indique M. Sauzeau.

En effet, grâce au soutien de la mairie, cette BD est en passe d'être éditée et diffusée dans les écoles primaires de Migné-Auxances. Florence Jardin, maire de la commune, développe: « Tous les enseignants du primaire sur la commune pourront obtenir l'année prochaine des copies de cette création afin de s'en servir comme outil pédagogique sur l'histoire locale ».

Deux ouvrages à lire sur ce drame

« Poitiers en 1917 » par Gérard Simmat et Jean-Marie Augustin (15€), disponible en librairie.

« Le drame des Lourdines, 8 décembre 1917 » par Jean-Luc Carré, Migné-Auxances Mémoires (10€), disponible au CSC La Comberie à Migné-Auxances.

" Ma mère a survécu au drame des Lourdines "

Jacqueline Caillaud évoque la façon dont sa mère a survécu en 1917 à l'incendie des Lourdines.

Fidèle lectrice de Centre Presse, Jacqueline Caillaud, de Poitiers, a lu avec attention les articles concernant le centenaire de l'incendie survenu dans un atelier de fabrication de munitions aux Lourdines (à Migné-Auxances: « Je suis la fille d'Ernestine Troisville qui a vécu, ou plutôt survécu, au drame de Migné Les Lourdines le 8 décembre 1917 »). Neuf habitaient la commune de Migné et treize étaient domiciliées à Poitiers; la plus jeune, Jeanne Gaultier, était âgée de quinze ans.

« Mes parents, Ernestine Troisville et Georges Caillaud, se sont fiancés le jour du départ de mon futur père pour la guerre. Il avait alors 19 ans et ma future mère 17 ans. Ils se sont mariés en 1918 à la fin de la guerre. Ma grand-mère maternelle, dont le mari a également été mobilisé, s'est retrouvée seule avec ses quatre filles. L'aînée était ma mère, ses soeurs ayant respectivement 12, 8 et 7 ans. Ma mère a donc dû trouver du travail rapidement pour subvenir aux besoins du foyer. Sur les conseils de son amie Madeleine Normand, elle a pu être engagée par l'armée » au site de fabrication de gargousses (charges de poudre servant à propulser des obus) des Lourdines. Le travail était exigeant mais bien payé.

Une petite étincelle au bout du doigt

Demeurant à Montbernage (Poitiers), Ernestine et son amie empruntaient un petit train reliant la gare de Poitiers aux Lourdines. Le site possédait une voie ferrée pour transporter les pierres extraites des carrières.

Le samedi 8 décembre 1917, Ernestine et Madeleine faisaient partie de la centaine de femmes travaillant 11h par jour pour confectionner des gargousses. « Elle était présente dans le baraquement en bois qui a pris feu ». En fait, elle travaillait à côté du poste (*) d'où l'incendie est parti. « Elle a vu une petite étincelle au bout d'un doigt d'une collègue alors que celle-ci se servait d'un petit battoir pour tasser la poudre. Quand elle a agité la main, il y a eu une flamme et le baraquement a pris feu... Les victimes se roulaient par terre de douleur, pour échapper aux flammes ». L'atmosphère était en effet chargée de poussières inflammables... L'origine de cet incendie reste mystérieuse. L'armée a évoqué une aiguille prise dans un habit ou dans un sac en toile de jute dont les ouvrières se munissaient pour lutter contre le froid... Mme Caillaud penche pour une amorce mélangée à la poudre... Ce qui pourrait laisser penser à un sabotage survenu en amont...

« Son amie Madeleine Normand, qui travaillait dans la même salle, a été prise par le feu ». Elle est décédée le lendemain. « Ma mère et une collègue de travail ont pu s'échapper du bâtiment en flammes. Les militaires gardant le site ont également décampé à toutes jambes... Se soutenant mutuellement, choquées, les deux femmes ont couru de Migné à Montbernage (Poitiers). Elles n'avaient subi que quelques brûlures, notamment des cheveux mais le traumatisme était tel qu'Ernestine a refusé de retourner travailler sur le site lorsque l'armée l'a sollicitée. Elle s'est rendue aux obsèques de ses camarades (NDLR: le 13 décembre à Poitiers) mais ce drame l'a marquée à vie », explique sa fille.

(*) Celui de Jeanne Labanowski, veuve d'un Poilu, habitant Poitiers, selon Jean-Luc Carré (Migné-Auxances Mémoires)