Avant j'étais une chapelle

A la découverte des chapelles méconnues de Poitiers et ses alentours

Centre Presse vous fait visiter sept anciennes chapelles, parfois méconnues, oubliées ou totalement transformées. Restaurant, débarras, lieu d'exposition, etc. : leur vocation a aujourd'hui bien changé.

Entre deux trous du parcours de golf de Mignaloux-Beauvoir

Bien qu'elle soit à moitié cachée par un massif d'arbres, la présence d'une chapelle au cœur du parcours du golf de Mignaloux a dû susciter l'interrogation de plus d'un pratiquant des 18 trous. D'autant qu'elle est à quelques pas du club-house. Ou d'un client de l'hôtel voisin, comme le confirme Jacqueline Nicolay. Propriétaire avec son mari André du terrain de golf de Mignaloux, depuis 2009, elle explique : « Nous avons parfois des clients qui nous demandent de la visiter. Nous ouvrons les portes à la demande, si nous sommes disponibles. L'hôtel (*) nous sollicite aussi parfois pour faire des photos de mariage devant. Je suis très attachée à cet élément du patrimoine du site, bien que pour l'instant, il ne nous serve que comme débarras. Mais le bâtiment est hors d'eau et la corde de la cloche fonctionne car mon mari l'a récemment changée. Nous avons rencontré il y a quelque temps un ancien habitant du secteur qui y avait célébré sa première communion ».

Un héritage
des Cafés Gilbert

En 1915, la propriété de Beauvoir a été achetée par Maurice Gilbert, marchand poitevin fondateur des « Cafés Gilbert » qui a aménagé le domaine comme maison de campagne. En 1929, le maître des lieux fait édifier une chapelle au sud de la propriété, en remerciement pour la naissance de son premier petit-fils, Claude.
L'édifice, de petite taille, se compose d'une nef terminée par un chevet à 5 pans. Au-dessus de la porte, un clocher mur contient une cloche portant les initiales CG. Le tympan est décoré d'une mosaïque représentant la Vierge Marie. Sur les deux côtés, les stations d'un Chemin de Croix sont incrustées. À l'intérieur, les murs sont ocre et bleu. L'autel et le tabernacle en béton et pierre reconstituée, recouverts de carreaux bleu et noir, seraient issus de l'atelier parisien de Jean Gaudin.

Des représentations de saint Pierre, sainte Thérèse, la Vierge à l'Enfant et saint Maurice ornent le tabernacle. Quatre peintures illustrant la Nativité, le pardon à Marie-Madeleine, la Crucifixion et la Résurrection sont l'oeuvre de Rudolf Gowenius mais ont été peints postérieurement à la construction de la chapelle, en 1935. Cet artiste était venu dans les années 1920 se former à Paris auprès de peintres cubistes, comme Fernand Léger et André Lhôte.

(*) Le Manoir de Beauvoir

Stéphane Delannoy

>> VOIR Histoire et patrimoine de Mignaloux-Beauvoir

La chapelle Saint-Louis, entre histoire et science-fiction

Depuis le 25 juin et jusqu'au 17 septembre, la chapelle Saint-Louis accueille une belle exposition sur la bande dessinée de science-fiction, « C'est arrivé demain », proposée par Le Miroir, avec des planches originales signées, entre autres, d'Edgar P. Jacobs, Druillet ou Moebius. Si la chapelle du collège Henri-IV se fait régulièrement l'écrin d'événements culturels, le lieu reste aussi à voir pour ses propres atouts décoratifs et architecturaux, témoignages d'une longue et riche histoire.

Collège de Jésuites

C'est en août 1604 qu'Henri IV autorise les Jésuites à fonder un collège royal à Poitiers. Les étudiants affluent et grâce à de nombreux dons (et à une somme conséquente offerte par le roi), les Jésuites entreprennent des travaux. La pose de la première pierre de la chapelle intervient le 22 avril 1608. La construction va se prolonger jusqu'en 1614, utilisant des matériaux issus des ruines de l'abbaye voisine de Saint-Cyprien. Le 12 septembre 1615, le roi Louis XIII place la chapelle sous la protection de saint Louis (autrement dit Louis IX, roi de France de 1226 à 1270).

La chapelle Saint-Louis se compose d'une large nef unique comprenant quatre travées avec chapelles latérales peu profondes et une cinquième travée correspondante au chœur. L'ensemble est couvert de voûtes d'ogives à huit branches inspirées du style gothique. La chapelle abrite dans son chœur un retable monumental réalisé en 1609 par le sculpteur Gervais de La Barre, avec au centre un tableau de Louis Finson représentant la Circoncision, le jour où l'Enfant reçoit le nom de Jésus, sujet cher aux Jésuites. 

De chaque côté, des statues représentent les quatre Évangélistes accompagnés de leurs symboles: saint Luc et le taureau, saint Marc et le lion, saint Matthieu et l'ange, saint Jean et l'aigle. Une tribune, achevée en 1673-1674, est adossée au revers de la façade, contre le mur nord: elle est ornée de bas-reliefs représentant les vertus chrétiennes sous la forme de jeunes femmes vêtues à l'antique. 

En 2015, la façade de la chapelle a fait l'objet d'une restauration, menée par la Ville de Poitiers, propriétaire des lieux, en collaboration avec le ministère de la Culture, le monument étant classé au titre des Monuments Historiques. Les travaux effectués sur la façade principale de la chapelle Saint-Louis ont porté sur le nettoyage de la pierre avec un traitement spécifique au niveau des altérations. Le projet de rénovation a également permis la mise en accessibilité de l'édifice depuis l'entrée latérale, par la cour du collège Henri IV. Des visites guidées de la chapelle sont proposées tout au long de l'année.

Stéphane Delannoy

Exposition « C'est arrivé demain » à la Chapelle Saint-Louis, jusqu'au 17 septembre. 

Séminaristes, biologistes et artistes ont marqué Mauroc

Construite en 1854 pour le Grand Séminaire, la chapelle de Mauroc a connu plusieurs destinations au fil du temps.

Construite à partir de 1854 à la demande du cardinal Pie, la chapelle de Mauroc, à Saint-Benoît, fut consacrée l'année suivante. En faisant l'acquisition du domaine de Mauroc en 1986, l'Adapei 86 (*) en est, de fait, devenue propriétaire. Cette association accueille et accompagne des personnes atteintes de déficience intellectuelle ou cognitive, de l'enfance à l'âge adulte. C'est un organisme laïque. La chapelle n'est donc plus utilisée comme lieu de culte.

Salle d'exposition ou de concert

Au niveau architectural, l'édifice a conservé sa splendeur. L'entrée se fait par une porte en bois tenue par quatre superbes ferrures. D'une superficie avoisinant les 100 m² au sol, elle est constituée d'une salle voûtée et d'une sacristie. 

Un seul vitrail a survécu. L'autel et le mobilier ont disparu. Une petite porte intérieure donne sur un escalier en colimaçon qui conduit à une crypte. Le domaine de Mauroc fut acheté par l'évêché en 1820 pour servir de maison de campagne au Grand Séminaire. C'est une ordonnance du roi, signée un an plus tôt, qui autorisera le supérieur du Grand Séminaire de Poitiers à acquérir, de l'abbé Gibault, le domaine moyennant 10.000 francs, payables en cinq ans sans intérêt. 

Placés sous la responsabilité de l'architecte Boyer, les travaux de construction de la chapelle coûteront 11.000 francs. Quant aux vitraux, ils ont été réalisés par la manufacture de vitraux peints de Tours. La loi de 1905 sur la séparation de l'Église et de l'État a conduit, en 1910, à l'attribution du domaine à l'Académie de Poitiers qui en fit une station de biologie végétale. Quatorze ans plus tard, avec l'accord du rectorat, l'évêché récupère son bien par échange contre la Villa Beausite. 

Durant la Deuxième Guerre Mondiale, Mauroc sera successivement occupé par les Allemands puis par les Forces Françaises de l'Intérieur. Dans les années 50, le domaine sera aménagé en maison de retraite fermée sans cesser pour autant de recevoir les séminaristes pendant leurs congés. Des évêques y séjourneront aussi. 

La chapelle de Mauroc sert actuellement d'entrepôt. Elle a aussi servi d'atelier d'artistes à l'occasion de la venue d'une art-thérapeute à l'origine de la création du Jardin des sens au profit des résidents puis pour un temps d'exposition temporaire à l'occasion des 50 ans de l'Adapei en 2012. «​ Ne rien faire de ce lieu serait dommage. Il y a un vrai potentiel », explique Catherine Wathelet, la présidente qui souhaiterait lui redonner vie, sous une autre destination, pour en faire bénéficier les résidents. Une salle de réunion, un atelier d'artistes, un lieu d'expositions ou encore une salle de concerts : l'Adapei86 est ouverte à toute proposition. Un projet sans horizon déterminé qui ne pourrait voir le jour qu'avec la participation de mécènes.

Correspondant Pierre Amar

(*) Association départementale de parents et d'amis des personnes handicapées mentales de la Vienne (11 avenue des Grottes de Passelourdain à Saint-Benoît, associationAadapei86.fr, 05.49.88.43.55).

Sources : Catherine Wathelet, présidente de l'Adapei86 ; Frédéric Debiais du service d'archives historiques du diocèse de Poitiers ; Jean-Marie Guérin et son ouvrage « Saint-Benoît, 400 ans d'archives et de patrimoine ».

Avant " La Tab' des Vins ", il y avait du vin… de messe

La salle voûtée du restaurant “ La Tab’ des Vins ”, à Saint-Benoît, est une ancienne chapelle.

Difficile d’imaginer aujourd’hui que l’actuel centre-bourg de Saint-Benoît était délimité, il y a bien longtemps, par l’enceinte du domaine de l’abbaye. On y entrait par deux portes monumentales. L’une était située entre l’actuel restaurant “ La Tab’ des Vins ” et la boucherie Foucher et l’autre, toujours présente, face à la mairie. 

Charron, débit de boissons puis restaurant 

Difficile aussi de matérialiser ce que fut l’église Saint-André-de-Quinçay. Elle faisait alors partie du monastère érigé au VIIe siècle, bien avant l’église que nous connaissons. De cette église, il ne reste aujourd’hui que quelques murs (conservés dans plusieurs habitations), une porte d’entrée, quelques marches d’escalier ainsi qu’une fenêtre et son vitrail, visibles depuis la place du 8-Mai-1945. Il reste aussi et surtout, au restaurant La Tab’ des Vins, un témoignage préservé de ce que fut la chapelle. La salle voûtée en berceau brisé (en fait le toit de la chapelle) sert aujourd’hui de salle de restauration. Rehaussé d’une lumière tamisée, l’endroit est superbe. 

Jusqu’en 1762, deux églises existaient à Saint-Benoît, l’église abbatiale et l’église paroissiale dédiée à Saint-André. Cette dernière tombant en ruine – le curé parlait à l’époque « d’état d’indécence » – l’évêque de Poitiers avait décidé le transfert du culte dans l’église abbatiale. Les matrices cadastrales de 1840 mentionnent la construction d’une maison constituée de deux corps de bâtiment en bordure de la place, sur les vestiges de cette ancienne église. « La maison la plus à l’ouest est l’ancienne église dont l’élévation sud, contre laquelle a été construit un appentis plus bas, est en retrait par rapport à la façade de la maison. Ce corps de bâtiment est sur deux niveaux, le premier étant constitué d’une salle voûtée en berceau brisé ». 

En 1878 pour des besoins de circulation, la porte monumentale, située face à l’ancien cimetière, aujourd’hui place du monument aux morts, a été détruite ainsi que le bâtiment attenant à l’ancienne l’église. Avant de devenir un débit de boissons, la chapelle aurait accueilli un charron. Sur une photo datant du début du XXe siècle, on peut lire l’enseigne du café “ Chez Alphonse ”. On sait aussi que dans les années 60, l’établissement était tenu par la famille Prot qui avait pris la suite des époux Marsault. Le bar restaurant s’est appelé pendant plusieurs décennies “ Le Petit Cerf ” avant d’être rebaptisé “ La Tab’ des Vins ” à sa réouverture en 2016. 

Les murs appartiennent à la mairie depuis une douzaine d’années. Dirigé par Jean-Luc Laferchoux, le bar restaurant “ La Tab’ des Vins ” propose une cuisine traditionnelle : du fait maison, revisité au goût du jour et travaillé à partir de produits frais. La carte tourne régulièrement. L’établissement propose également en continu une formule « lounge » basée sur des planches à thème. Il dispose d’une vinothèque et d’une superbe terrasse. 

Correspondant Pierre Amar 

Informations recueillies à partir de « Saint-Benoît d’hier » de Michel Sinqsous 1993 et « Le patrimoine des communes de la Vienne » Flohic Édition 2002, ainsi qu’auprès de Jean-Luc Laferchoux, patron de “ La Tab’ des Vins ”, des élus municipaux Monique Marion-Heulin, Bernard Peterlongo et Jean-Marie Guérin et de Christian Mériguet, du service urbanisme à la mairie de Saint-Benoît. 

“ La Tab’des Vins ”, 2, rue de Mauroc à Saint-Benoît. 05.49.37.90.41. Ouvert du lundi au samedi et les dimanches, jours de manifestations. 

L'église abandonnée au bord de la route

Cachée au bord de la route entre Ligugé et Croutelle, la chapelle de Mezeaux mériterait qu'on s'y attarde.

Actuellement, quatre arbres touffus masquent la façade. Il faut prendre du recul pour apercevoir le petit clocher qui surplombe cette chapelle du IXe siècle, située sur la D 87 entre Ligugé et Croutelle. La porte est fermée avec un cadenas et l'intérieur n'est visible que par un minuscule trou. Pas de doute, plus personne n'y a célébré d'offices religieux depuis belle lurette. Plus loin, lorsqu'on longe le petit ruisseau La Feuillante, on distingue aussi que la végétation grignote de plus en plus les murs du monument abandonné.

Aujourd'hui, la chapelle de Mezeaux appartient à un propriétaire privé que nous avons cherché à joindre au téléphone. En vain. On se contentera donc de son histoire. Le monument, construit entre 970 et 1005 (et rallongé au XVIIIe siècle) faisait partie d'un ensemble de terres et de droits constitués en domaine, appartenant vraisemblablement à l'abbaye de Ligugé. Mezeaux était même une commune à part entière avant d'être rattachée plus tard à celle de Ligugé, et la chapelle était une église de paroisse.

Pas entretenue

En 1242, Saint-Louis, après avoir battu le sire de Lusignan, comte de la Marche, y crée une léproserie pour les malades atteints de cette terrible affection faisant pourrir les extrémités. Au Moyen Age, on ne les appelait pas toujours lépreux, mais aussi meseaux ou masels. D'où le nom de Mezeaux donné au lieu.

Une qui s'inquiète de l'avenir de la chapelle, c'est Valérie Dolimier, la propriétaire du Gîte de Mezeaux de l'autre côté de la route. « J'aimerais bien qu'elle soit entretenue. Tous les habitants de la vallée et beaucoup de Ligugéens le veulent aussi. » Elle a pu constater l'état de l'édifice de plus près. « Je suis entrée une fois à l'intérieur. C'est triste à mourir. » Sans animation, sans visite et sans restauration, l'avenir de la Chapelle de Mezeaux reste très incertain. Déjà cachée par les arbres, elle risque de disparaître totalement.

Bruno Delion

La chapelle des Augustins 

diamant sur Canopé

La chapelle des Augustins est située dans les locaux de Canopé, le centre régional de documentation pédagogique.

Elle a accueilli au début de l'année une installation interactive pour aura et piano mécanique de la plasticienne Véronique Beland, puis en juin des concerts de fin d'études du centre d'études supérieures de musique et danse Poitou-Charentes.
La chapelle des Augustins reste un lieu bien vivant, aujourd'hui nichée au cœur des locaux de Canopé, l'ex-CRDP (centre régional de documentation pédagogique). Ce dernier est installé depuis 1957 au sein de l'ancienne abbaye de Saint-Hilaire de la Celle (rue Sainte-Catherine à Poitiers), édifiée au IVe siècle à l'emplacement de la dernière demeure de Saint Hilaire, premier évêque de la ville.

Trésor pillé en 1562

Ce n'est qu'au XIe siècle que la congrégation des Augustins construit un prieuré qui finira par devenir l'abbaye de Saint-Hilaire de la Celle qui abrite le couvercle du cénotaphe de Saint Hilaire. L'abbaye est habitée du XIIe au XVIIe siècles par les Augustins et subi de gros dégâts pendant la guerre de cent ans, son trésor étant pillé par les Huguenots lors du siège de Poitiers en 1562. Les Génovétains (une congrégation observant la règle de saint Augustin) s'y installent le 26 août 1652: ils restaurent l'abbaye construisent les bâtiments conventuels mais doivent quitter les lieux à la Révolution. L'abbaye est détruite en partie puis vendue comme bien national.

Gothique angevin

Entre 1820 et 1957, les Carmélites vont modifier les espaces intérieurs de la chapelle et ériger le cloître. Elles cèdent le lieu à l'Education Nationale qui en fait l'acquisition en 1957 pour y installer le centre de documentation pédagogique. Sont classés monuments historiques le 13 mars 1975 les restes de l'ancienne église (chœur et transept), les façades et les toitures de l'aile subsistante du XVIIIe siècle des bâtiments conventuels ainsi que l'escalier avec sa rampe en balustre en pierre. La chapelle reste un bel exemple de style gothique angevin, à la croisée de la nef et du transept avec une coupole bombée et nervée sur trompe.

Frédéric Delâge

Saint-Paul attend son heure

Tour à tour église paroissiale, grange puis magasin de chaussures, elle abrite aujourd'hui les réserves du musée.

La chapelle Saint-Paul était en fait une église... Pour notre série d'été sur les chapelles (voir en encadré), ça commence mal. « Ceci dit, pour une raison qu'on ignore, les Poitevins l'ont dénommé chapelle pendant de longues années, explique Annie Brillaud, en charge de la conservation des monuments historiques à la Ville de Poitiers. Pourtant, c'était bien une église paroissiale, jusqu'à la Révolution, époque à laquelle elle a été vendue comme bien national. »

Cette église a été peu fouillée, « un peu au XIXe siècle », et donc peu étudiée par les historiens. Mais on se doute qu'elle présente un intérêt historique considérable. « On peut voir qu'elle a été reconstruite à plusieurs reprises, probablement sur des fondations antiques », estime Annie Brillaud. Au fil des reconstructions, Saint-Paul possède des chapiteaux romans « comparables à ceux de Notre-Dame ou de Saint-Hilaire », mais aussi des éléments du gothique flamboyant, « comparables à l'arrière du palais de justice ». Un condensé de l'histoire architecturale poitevine, en quelque sorte... Qui lui vaut une inscription à l'inventaire des monuments historiques.

Rachetée par la Ville

Dans la rue Saint-Paul, à l'arrière de la Maison du peuple, l'ancienne petite église se fond dans les façades des maisons. Elle est quand même reconnaissable à une fenêtre de style gothique. A la fin du XXe siècle, elle abritait le magasin et les réserves d'un fabricant de bottes. Pour les besoins de cette activité, des planchers en béton, des escaliers et des cloisons ont été construits à l'intérieur de l'église, appuyés aux piliers et aux murs historiques. « Paradoxalement, cela a permis de conserver le monument dans un assez bon état », estime Annie Brillaud.

Aujourd'hui, l'ancienne église appartient à la Ville de Poitiers, qui l'a rachetée en deux fois. Elle abrite une partie des réserves muséales, notamment de lourdes pièces lapidaires. Ou encore un ensemble de cinq cloches médiévales, dont l'une provient de l'échevinage, la première "mairie" de la ville. Ces éléments seront transférés dans le futur bâtiment de conservation qui sera construit à Vouneuil-sous-Biard.

Et après, que deviendra l'ancienne église? Aucun projet précis n'est à l'ordre du jour. « Le fait de l'avoir acquise nous permet de surveiller son évolution, indique Hélène Amblès, directrice de la culture et du patrimoine de la ville. Il faudra avant tout y faire un travail d'étude et de recherche historiques. »

A mi-chemin entre le palais de justice et la cathédrale, au cœur du quartier épiscopal, l'ancienne église attend son heure.

Philippe Bonnet