Chasseurs de vitesse

Ils font des runs en planche à voile

Ils sont connectés. A l'eau, au vent…et à l’ordi. Pour Frédéric Person et Laurent Hué, deux fous de vitesse, plus question de pratiquer la planche à voile sans GPS. Le petit boîtier est devenu un organe vital. Le cœur de leurs performances. « Le GPS booste les épreuves de vitesse depuis une dizaine d’années », indique Laurent Hué, troisième au classement actuel du Windsurf Breizh GPS, quand Frédéric Person, lui, tient la première place.

Une course au record

Un challenge permanent est né. Ouvert à tous les planchistes, le principe du Windsurf Breizh GPS est simple : dès que les conditions sont favorables à un chrono, la course au record peut reprendre. Frédéric Person, le solide leader de ce challenge entre copains, explique :

« Dès que le GPS a trouvé un satellite, le concours peut commencer. La vitesse moyenne est validée sur un laps de temps de dix secondes. Tu peux alors remonter tes résultats. On est une vingtaine à le faire. »

« Un vrai coup de pied au cul, un peu comme en moto sportive ! »

 Les deux futurs quinquas n'en sont pas à leurs premiers bords. « La planche, c'est un sport de vieux », sourit Laurent. S’ils pratiquent encore le raid, ils sont devenus des addicts de la vitesse. Des producteurs d’adrénaline. Ils aiment se tirer la bourre sur leurs spots préférés. Deux ou trois fois par semaine, « parce qu’il faut être là au bon moment ». Si c’est suffisamment plat, suffisamment venté.

« Les sensations sont super. Dans la rafale, tu sens l'accélération. Un vrai coup de pied au cul, un peu comme en moto sportive », explique Fred. « Tu as un peu l'impression de voler au-dessus de l’eau. Quand tu sens que plus rien ne freine ta glisse, que la voile te porte, c’est jouissif », ajoute Laurent.

Pour en arriver là, quelques conditions sont requises. « Un bon physique. Il faut pouvoir se mettre le plus en avant possible sur la planche et tenir. Dès 25 nœuds, ça arrache, c'est brutal. Prendre une pelle à 30 nœuds, ça peut faire mal », explique Laurent. « Il faut être exigeant, savoir se remettre en question à chaque fois », poursuit Fred, qui rêve de passer un jour les 40 nœuds. Tous deux confirment :

« Sur les spots d’ici, les rochers arrivent parfois vite. La maîtrise technique et l’expérience sont donc également primordiales. Un bon réglage du matos aussi… »

Dans la tête, c’est souvent le grand ménage : « T’es obligé de déposer un peu le cerveau pour prendre des risques. Mais y’a des fois, tu te fais peur… »

Coup d’oeil sur l’ordi : cet après-midi, une fenêtre météo va s’ouvrir. Tout bon pour quelques runs du côté de l'Ile-Grande...

Leurs spots favoris

Ile-Grande : Du côté du camping Saint-Sauveur et de la Ruine. A mi-marée par vent de sud-sud ouest jusqu'à nord-nord ouest. Pas mal de courants. Egalement la Base nautique de Pors-Gelen par vent de nord-nord est.

Sillon de Talbert : Favorable par vent de nord-ouest. « Un spot à gros potentiel mais très exigeant. Il faut déjà naviguer pendant un kilomètre pour se mettre à l’abri tout près du sillon. Il faut être très précis et très réactif sinon ça peut devenir dangereux… »

Nantouar à Louannec : Vue sur l’Ile Tomé ! Le site, praticable à marée basse, ne manque pas d’atouts « mais attention aux rochers, ils arrivent vite ! »

Baie de l’Enfer : Ce spot que se partagent Plouguiel et Plougrescant est intéressant à marée basse par vent de sud-ouest.

Dans le Finistère : Le Dossen à Santec par vent de nord est et vent de terre. « Le site est réputé des surfeurs. Pour la vitesse, il est bien pour les gros scores. » A essayer également Térénez en baie de Morlaix, par vent de sud-ouest à marée basse.

Leur matériel


Laurent Hué comme Frédéric Person utilisent des planches de slalom. Une Nove pour l'un, une Tabou pour l’autre. Longues de 2 m 40, larges de 60 cm maxi, elles jaugent entre 85 et 90 litres. « Elles sont très polyvalentes, bien adaptées et réactives aux spots du secteur », expliquent les deux copains. Côté voiles, l’idéal c’est d’en avoir « deux ou trois pour pouvoir s’adapter aux conditions ». Leur surface varie de 5 à 6 m2. « Plus la voile est petite, plus tu vas vite, » résume Frédéric Person. « Il faut être à l’aise avec son matos et avoir confiance en lui, » conseille Laurent Hué.

Leurs chronos

Pour l'heure c’est Frédéric Person qui a signé le plus beau score du Windsurfbreizh GPS : 34,89 nœuds (soit 64,62 km/heure) sur le spot de Saint-Sauveur. Eric Reverdy est second avec 34,59 nœuds (64,06 km/heure) et Laurent Hué troisième avec 34,32 nœuds (63,56 km/heure). Tous deux ont établi leur chrono sur le spot de la Base nautique de l’Ile-Grande à Pors-Gelen.

Bernard Guilcher / Le Trégor