LAP : le club renaît de ses cendres

Immersion au sein du club de Luzenac

C'est dans ce petit village de 530 habitants, au creux des montagnes, qu'a commencé la belle histoire du club de football de Luzenac, très vite transformée en cauchemar. Souvenez-vous, l'équipe première de ce petit club avait réalisé l'exploit de monter en ligue 2. Mais la LFP (Ligue du Football Professionnel) leur a refusé ce droit pour des raisons encore floues. Immersion au coeur du football de Luzenac où les cicatrices sont toujours apparentes malgré l'envie de remonter la pente.

Montée en Ligue 2 : 
la désillusion

Le club voit le jour en 1936 avec sa première équipe. Très vite le foot est devenu une passion pour tous les habitants du village. L'engouement est total et perdure au fil des années. Echelons après échelons, le LAP (Luzenac Ariège Pyrénées) atteint le niveau semi-professionnel. La preuve en est, à partir de 2009 l'équipe joue en National. Mais le club ne s'arrête pas à ce stade. A la surprise générale, après une saison incroyable en 2013-2014, les Pyrénéens terminent à la deuxième place du National. Cette position leur vaut alors une montée sportive en Ligue 2. 

Malheureusement pour les supporters et les joueurs, le rêve s'achève. Après un feuilleton médiatique de plusieurs mois, la LFP leur refuse le droit de jouer en ligue 2. Les raisons officielles annoncées sont administratives et financières. Frédéric Thiriez, président de la Ligue, évoque régulièrement un non-respect des normes des infrastructures luzenacoises (stade). Et pourtant, les dirigeants avaient mis en place un dossier avec des nouveaux terrains prêts à les accueillir : le stade Ernest Wallon et le Stadium de Toulouse. Mais rien n'y fait, d'après Frédéric Thiriez, le dossier aurait été déposé trop tard, la ligue 2 ne pouvant pas se dérouler à 21 clubs. Pour Pierese Matie, supportrice et propriétaire du Bar de la Paix (lieu de rassemblement des supporters), "le club a été saboté." "Ils ont accepté de repêcher Châteauroux, pourtant relégué sportivement. C'est sur le terrain que nous avions gagné le droit de jouer en Ligue 2. C'est lamentable. "

Après cet épisode douloureux, l'équipe première est dissoute pour causes financières, la majorité des sponsors s'étant désengagée. La réserve ( jouant en DHR) devient alors l'équipe fanion. Seuls quelques joueurs de la nationale restent au club, les autres ayant reçus d'autres propositions. "Nicolas Dieuze a été super. Il a continué à jouer l'année dernière pour Luzenac. Il n'a pas pris un centime." témoigne Jacques Florence, le secrétaire du club. C'est grâce à cette générosité des joueurs, des supporters et du bureau que le club a pu petit à petit remonter la pente. 

Luzenac : 
le Renouveau

Depuis fin 2014, la direction du club entame un nouveau projet. Sébastien Mignotte, joueur de "l'épopée L2", accompagné du Staff et des dirigeants, en est à la tête. "C'était une épreuve. Je joue dans ce club depuis l'âge de 17ans, j'y suis très attaché. Mais j'ai eu la chance de repartir avec la réserve en DHR en tant qu'entraîneur" explique Sébastien. Alors, c'est une nouvelle aventure qui commence ponctuée par une montée en DH à l'issue de cette saison. 


"Ce groupe a su trouver les ressources"

Luzenac est donc aujourd'hui en DH. Franck Akaza est le seul rescapé de la période de gloire en 2014. Après de nombreuses années de bons et loyaux services, il a accepté de continuer avec le club ariégeois malgré le faux espoir de la Ligue 2. "Luzenac est mon club de coeur. Je ne pouvais pas le laisser tomber. Et puis, je me suis arrêté quelques mois mais je devais rejouer, je tournais en rond à vrai dire" raconte Franck Akaza. Mais revenir au niveau régional n'est pas chose facile. L'Ivoirien a connu une période d'adaptation dans une division plus exigeante physiquement.  

L'équipe est bien décidée à continuer sur cette lancée. Comme tous les mardis, c'est soir d'entraînement. Mais surprise, le club s'entraîne sur les terrains de la ligue Midi-Pyrénées à Castelmaurou, à 1h30 de Luzenac. "C'est plus simple pour les joueurs puisque la plupart travaille à Toulouse" explique Jacques Florence. 

Sous une pluie battante, gants et bonnets sont de sortie. Malgré cet attirail, ils devront lutter pendant 1h30 contre le froid. Durant cet entraînement, les joueurs alternent entre opposition avec ballon et préparation physique. Le visage fermé ou grimaçant, les joueurs souffrent physiquement parfois, mais toujours dans la bonne humeur. Toujours le bon mot pour chambrer son coéquipier.  

Actuellement troisième du classement de la DH, avec un match de retard, à huit points du leader. "Pour la montée, ça risque d'être compliqué" concède l'entraîneur de Luzenac. Mais l'équipe n’en oublie pas son objectif : une montée en CFA2 dans les trois années à venir.