Le Premier ministre s'engage pour Amiens

JDA #832

Bernard CAZENEUVE était à Amiens le 16 mars pour signer le contrat de développement de l'Amiénois. Un plan d'aide de l’État de 220 millions d’euros pour le territoire promis après l’annonce de la fermeture de Whirlpool..

Whirlpool. Le mot était sur toutes les lèvres lors de la visite du Premier ministre Bernard Cazeneuve à Amiens le 16 mars. Une visite express dans un dossier où tout a été très vite. Le 24 janvier, le spécialiste de l'électroménager annonçait la fermeture de son usine amiénoise en 2018 mettant 290 salariés sur le carreau. Alain Gest, président d’Amiens Métropole, et Brigitte Fouré, maire d’Amiens, demandaient alors à être reçus à Matignon. Une rencontre obtenue le 26 janvier à l’issue de laquelle le chef du gouvernement s’engageait à établir un contrat pour le développement du territoire afin « d’accélérer les projets prioritaires pour l’attractivité et renforcer les atouts de l’agglomération amiénoise ». Moins de deux mois plus tard, le Premier ministre était donc à Amiens pour le signer avec les élus.

AMÉLIORER LA DESSERTE D’AMIENS

Souvent pince-sans-rire – « Je ne suis pas en campagne, je n’ai rien à vendre » –, parfois grave – « Il faut savoir si ce que l’on dit est utile au pays ou sert juste à attiser les instincts » – et « conscient des circonstances particulières qui [l]’amènent ici », Bernard Cazeneuve a affirmé qu’il était vigilant à ce que Whirlpool remplisse ses obligations, à savoir « assurer la réindustrialisation du site » avant de signer un contrat dans lequel l’État s’engage à hauteur de 220 millions d’euros. Notamment à travers le tronçon TGV Roissy-Picardie qui améliorera la desserte d’Amiens et « nous mettra en réseau avec toutes les autres grandes villes de France et d’Europe », comme l’a rappelé Brigitte Fouré, maire d’Amiens (lire plus bas). Mais aussi à travers la rénovation des quartiers (+ 12 % pour la dotation : 2,2 millions d’euros), la re- structuration du CHU, la construction d’un pôle des services publics dans le quartier Gare-la-Vallée (lire ci-contre), le financement de 900 parcours de formation dans les domaines de la santé, de l'énergie et du numérique, d’un plan de restauration des monuments du patrimoine, d’une étude pour un centre d’interprétation autour de la Grande Guerre...

GARANTIR DE L’EMPLOI

De bonnes nouvelles même si, moins d’un an après la perte du statut de capitale régionale, Alain Gest s’est dit partagé entre amertume et satisfaction : « Amertume d’avoir attendu si long- temps un geste de l’État. Amertume car la raison de ces engagements est le drame de Whirlpool et la délocalisation de l’usine (en Pologne, ndlr) alors que l'entreprise promettait le développement d’un nouveau sèche-linge à Amiens ».

« S'IL Y A BIEN UNE VILLE QUI PEUT SOLLICITER DES COMPENSATIONS, C'EST AMIENS" Alain Gest, président d’Amiens Métropole

Même discours pour Xavier Bertrand, le président des Hauts-de- France : « Whirlpool, c’est notre priorité. Et il faudra que l’État [...] tienne ses engagements pour que cette signature garantisse de l’emploi ». Et si Bernard Cazeneuve a confirmé l’arrivée au 1er novembre prochain à Amiens d’une plateforme pour l’immatriculation des véhicules (une centaine d’emplois), Alain Gest a demandé à obtenir l’implantation de la direction du Comité régional olympique et sportif ainsi que la société de projet du Canal Seine-Nord : « S’il y a bien une ville qui peut solliciter des compensations, c’est Amiens ».

Le TGV, enfin !

C'est une arlésienne dont la partition semble enfin écrite noir sur blanc. L’arrivée du TGV en gare d’Amiens, grâce à ce que l’on appelle le barreau Roissy-Picardie qui permettra de connecter « la ville aux autres métropoles françaises et européennes, a été promise pour 2024 par le Premier ministre. 

« Une bonne nouvelle pour les Amiénois et l'emploi» Brigitte Fouré, maire d'Amiens.

« L’enquête publique démarrera cet hiver et les travaux en 2020 », s’est engagé Bernard Cazeneuve. Coût : 300 millions d’euros financés à hauteur de 51,5 % par l’État. Xavier Ber- trand, président des Hauts- de-France, a confirmé les 105,6 millions mis par la Région pour ce barreau. Et Alain Gest, président d'Amiens Métropole, a annoncé que la collectivité amiénoise participerait pour 6 millions d’euros : « Le barreau Picardie-Roissy était à l’arrêt. Il est désormais irréversible. La desserte d’Amiens par le TGV est importante », a-t-il insisté. 

Ce barreau consiste à créer une liaison de quelques kilomètres dans le Val-d’Oise pour permettre de connecter Amiens et Creil à la zone aéroportuaire de Roissy-Charles- de-Gaulle. « Une petite portion, a convenu Patrick Jeantet, président-directeur-général de SNCF Réseau, mais qui ouvre de nouvelles perspectives pour des millions d’usagers. » Qu’ils soient touristes ou salariés.

10,5 MILLIONS POUR LE BHNS

Le 4 mars, lors des Assises du transport d'Amiens Métropole, Franck Dhersin, président de la commission transports des Hauts-de-France, annonçait une aide de 10 millions d’euros de la Région pour le projet de bus à haut niveau de service (BHNS) d’Amiens Métropole (budget total : 122 millions). Moins de quinze jours plus tard, Bernard Cazeneuve est venu ajouter 10,5 millions de la part de l’État. L’arrivée des quatre lignes (dont trois électriques) de ce BHNS se conjugue à d’importants aménagements urbains qui modifieront l’allure de nombreux carrefours et artères de la ville. 

Début des travaux préparatoires en avril et de voirie en juin pour une mise en service au printemps 2019.

LE COLVERT PEUT
 S'ENVOLER !

La matinée amiénoise de Bernard Cazeneuve a débuté à la mairie de secteur de l'Atrium, à Amiens nord. Si le Premier ministre s’est prêté au jeu des selfies, il était là pour signer le protocole de préfiguration du projet de rénovation urbaine. Un nom plutôt compliqué pour un document qui permet de lancer les études et quelques opérations en amont des conventions pluriannuelles de renouvellement urbain. Parmi les opérations qui vont pouvoir commencer :

> le centre commercial du Colvert dont le jury pour choisir le futur architecte se réunit en avril, 

> la démolition du Grand Mozart, 

> une barre jouxtant l’Atrium, 

> 22 logements de la Sip à Étouvie en accession sociale à la propriété. 

Au total, près de 16 millions d’euros sont mobilisés.

Un pôle de services publics à Gare-la-Vallée

On l'appelle l’Îlot Boulogne, du nom de l’entreprise de sanitaire de chauffage
qui occupa pendant quatre-vingt-dix ans les lieux. Ce sera demain une cité administrative. Mieux : le pôle des services publics du XXIe siècle, comme on le présente, qui rassemblera les emplois publics. On parle d’un millier. Bernard Cazeneuve en a posé la première pierre le 16 mars au cœur d’un quartier Gare-la-Vallée en mutation.

L’ancien ministre de l’Intérieur en a profité pour annoncer le lancement des études pour y installer le nouveau commissariat de police.

//Antoine Caux