Amiens se construit avec ses habitants

#JDA 837

Rencontres avec le maire, visites de proximité, balades urbaines, réunions publiques... A Amiens, les projets sont menés en concertation avec les citoyens pour répondre à leurs attentes.

En 2014, la Ville d'Amiens élaborait sa charte de la démocratie locale. Signée par l'Union des comités de quartier, les 26 comités de quartier et la Maison des associations, elle définit le fonctionnement de la démocratie participative, le rôle des comités de quartier, associations chargées de relayer l’avis de la population, et les obligations de la Ville. « Les élus décident des politiques publiques mais ils doivent prendre en compte les attentes des habitants. Nous devons rester à leur écoute en s’appuyant sur les comités de quartier et en nous rendant sur le terrain », rappelle Nathalie Lavallard, l’adjointe au maire chargée de la démocratie locale.

DES RENDEZ-VOUS PRIVILÉGIÉS...

De nombreux outils sont à la disposition des élus et des Amiénois pour faire vivre la démocratie locale. Le plus récent est l'opération Bon- jour Madame le maire : chaque mois, pendant plus de trois heures, Brigitte Fouré reçoit les habitants au cœur d’un quartier. Une cinquantaine de personnes attendent leur tour pour échanger sur tous les sujets. Il peut s’agir de vie quotidienne – stationnement, ramassage des ordures ménagères... –, de projets pour la ville, de logement, d’emploi. À l’image de Béatrice, 67 ans, venue se renseigner le 19 avril au Petit-Saint- Jean : « Pour aller voir mon amie, je dois me rendre à la gare et changer de bus. Est-ce que le BHNS des- servira le Petit-Saint-Jean ? ». « Avec le BHNS, 62 % des Amiénois seront desservis à moins de 400 mètres de chez eux. Cependant, il n’est pas possible de disposer de lignes rapides et bien cadencées pour aller partout », lui a répondu le maire. Soucieuse de conserver ce lien avec les habitants, Brigitte Fouré soigne ces rendez-vous privilégiés. « Je m’appuie sur mes cinq adjoints de secteur pour travailler mais j’ai conscience que les habitants souhaitent me rencontrer. Les Amiénois attendent des réponses à leurs questions. Certains ont simplement besoin de parler. Être écouté, c’est être pris en considération. C’est aussi l’occasion d’évoquer tous les prismes d’un problème. Pour le BHNS par exemple, j’explique qu’il desservira les secteurs les plus denses en population. »

... ET DES RÉSULTATS CONCRETS

Autre outil : les visites de proximité. Pilotées par les comités de quartier, elles ont lieu chaque semaine et abordent les problèmes du quotidien. Chaussée à rénover, problèmes de voisinage, élagage, rues à sécuriser. C'est ainsi qu’à Colvert- Berlioz, une rambarde a rapidement été posée rue René-Coty. Rue Pierre-et-Maurice-Garet, des chicanes seront installées pour inciter les automobilistes à lever le pied. Secteur Est, Hélène Bouchez, l'adjointe qui en a la charge, propose des rendez-vous qui permettent aux comités de quartier de se rencontrer. En complément des réunions annuelles, des réunions publiques, et de ses permanences en mairie. « Les comités de quartier font remonter les dysfonctionnements. Leur avis est pris en compte dans l’élaboration des projets », souligne l’élue. 

Les habitants ont pu le constater rue de Cagny où un projet de construction de logements a été modifié. « Le maire est à l'écoute et nous reçoit régulièrement. Nous ne prenons pas les décisions mais nous restons une force de proposition pour tous les projets », considère Danièle Leturcq, présidente de l’Union des comités de quartier. L’élargissement du périmètre du stationnement résidentiel à Saint- Pierre, qui sera effectif au 4e trimestre 2017, est aussi le résultat de la concertation. 

Autre exemple: les modifications du tracé du BHNS. Suite aux observations des Amiénois, la ligne jaune (Renancourt/gare de Longueau) a été créée, la rouge (Amiens nord/Campus) a été prolongée, la verte (Green'Som/Auchan) passe par les boulevards pour desservir la gare.


DES MOMENTS DE DÉCOUVERTES

Mais la démocratie locale c'est aussi l'occasion de partager des moments de découvertes et de convivialité. Une dizaine de fois par an, 150 personnes retrouvent les élus lors d’une balade urbaine. Ces rendez-vous permettent d’explorer la ville à pied sur un parcours de 2 à 7 km. « On entre dans les coulisses d’une entreprise, d’un équipement culturel ou sportif, on présente les projets sur des terrains en friche, on réalise des inaugurations », détaille Nathalie Lavallard. Ainsi, à Gare-la-Vallée, la nouvelle rue Jean-Mermoz a été inaugurée pendant la balade urbaine du 22 avril. Et la salle des maquettes d’urbanisme, inconnue du grand public, a été ouverte à cette occasion. Ces rendez- vous insolites sont très appréciés. En novembre 2015, de nouvelles visites de la salle de projection du cinéma Gaumont avaient dû être organisées pour satisfaire tous les curieux.

BHNS : concertation non-stop

Depuis 2015, une trentaine de réunions ont déjà été organisées au sujet du bus à haut niveau de service. Validation des tracés de ligne, aménagement des espaces publics, rencontres avec les commerçants... Différentes phases de concertation ont permis de faire évoluer le projet. Jusqu'au 12 mai, il est possible de consulter le dossier d’enquête publique dans les communes concernées (Amiens, Boves, Cagny, Dury, Glisy, Longueau, Pont-de-Metz et Salouël) et sur amiens.fr

Dernières permanences du commissaire-enquêteur, qui recueille les observations, le 4 mai, 10h-13h, à la mairie Pierre-Rollin, et le 12 mai, 14h-17h, à l’hôtel de ville. Pour répondre directement aux questions des habitants sur les travaux, Louise Geeraerts, médiatrice de terrain, est également à l’écoute. Elle est disponible par mail (travauxbhns @amiens-metropole.com) ou par téléphone (06 23 01 80 69). Cécile Réfigio répond quant à elle aux questions des commerçants (0322974286– c.refigio@amiens-metropole. com). Le 5 mai, à 9h, au café Nicolas (rue de Metz), un café chantier, le premier d’une longue série, permettra de rencontrer les entreprises et les techniciens. Les réunions publiques se poursuivent aussi. Les prochaines se déroulent le 5 mai, à 19h, au préau Raoul- Lamollet (7, bd de Bapaume) et le 17 mai, à 19h, à l’école Delpech (163, rue Delpech).

« J'ai conscience que
les Amiénois souhaitent me rencontrer. Ils attendent des réponses à leurs questions »     Brigitte Fouré, maire d’Amiens

APPEL CITOYEN

La collectivité recherche des volontaires souhaitant s'investir dans la vie de la cité, prendre part à des débats, exprimer leurs propositions afin d'enrichir les politiques publiques. Pour devenir un "citoyen engagé", il suffit de s’inscrire par mail (democratielocale@amiens- metropole.com). Votre expertise permettra de répondre au mieux aux besoins des habitants. Chacun peut apporter son expérience, agir et faire avancer des causes comme la protection de l’environnement, l’exclusion sociale, et d’autres enjeux sociétaux. Ce dispositif d’engagement citoyen permet de devenir acteur du changement au quotidien, de confronter ses idées et de réaliser des choix collectifs dans le respect de l’intérêt général.

PAROLES DE PRESIDENTS

Rencontre avec un "ancien" et une jeune présidente de comité de quartier. Des bénévoles concernés et motivés.

À 69 ans, Claude Truffert se rappelle qu'à ses débuts, « on parlait peu de démocratie participative. J'avais envie d’aider, de donner mes idées ». Après vingt-sept ans d’engagement associatif, le président du comité de quartier Marivaux énumère « ses grands souvenirs » : la concertation pour le parc Saint-Pierre, la piétonnisation du centre-ville, le Zénith.

« Notre rôle est d’organiser des réunions d’information, de transmettre les questions. Les habitants souhaitent s’adresser aux élus et entendre leurs réponses. » 

Heureux de l’arrivée de la crèche Pigeon-Vole dans son quartier, il s’inquiète en revanche pour le devenir du centre commercial.« Depuis la fermeture du supermarché, il vivote. Le commerce de proximité fait vivre un quartier. Il ne faut pas laisser des zones vides. » Récemment, les habitants ont d’ailleurs pu s’informer sur l’implantation d’un supermarché à l’entrée de la rue Marivaux. « M'impliquer dans la vie locale »

En juin, Christelle Waquet fêtera sa première année à la tête du comité de quartier Saint-Leu. « Je voulais m'impliquer dans la vie locale, proposer des activités », explique-t-elle.
Le comité de quartier suit avec attention les projets de rénovation des logements de l’Opac, du BHNS rue Vanmarke, du réaménagement des boulevards Baraban et du Cange. « Ici, certaines maisons n’ont pas été rénovées depuis plus de trente ans et sont mal isolées. » Après avoir participé à la création d’un jardin potager collectif rue des Majots, le comité de quartier imagine d’autres évolutions : ouvrir une bibliothèque, créer un pôle de la marionnette avec l’UPJV, organiser des expositions. En attendant, des sorties sont proposées – tombola, visite du moulin Passe-Avant, balades sur la côte picarde – pour créer du lien entre les habitants. 

« Saint-Leu est un quartier historique qui a une âme. Il existe une vraie solidarité
qu’on ne trouve pas ailleurs »