L'Ésad : la création made in Amiens

#JDA

Design graphique, design numérique, typographie, image animée 3d : résolument tournée vers l'innovation, l’École Supérieure d’Art et de Design d’Amiens forme les talents de demain. En s’impliquant totalement, à travers ses projets, dans la vie de la ville.

Le résultat sera dévoilé en juin, lors des Rendez-vous de la BD dans la halle du quartier Gare-la-Vallée. Anuki, bande dessinée pour enfants publiée aux éditions amiénoises de La Gouttière, sera alors présentée en réalité augmentée. C'est à Waide Somme, le département images animées et 3D de l’École supérieure d’art et de design que le monde virtuel d’Anuki a pris forme. « Les personnages entreront en interaction grâce à des lunettes fournies aux visiteurs », indique Barbara Dennys, la directrice de l’Ésad. Le fruit d’un partenariat avec l’association On a marché sur la bulle, qui permet à son école « d’explorer la numérisation de bandes dessinées et leur conversion en films d’animation ». Des liens comme celui-ci, l’Ésad ne cesse d’en tisser avec d’autres structures amiénoises, formant, selon sa directrice, « un écosystème concentré sur des recherches numériques innovantes ».


DÉFIS TECHNOLOGIQUES 

En témoigne Une tache sur l'aile du papillon, spectacle de marionnette d’expérimentation numérique en "mapping-tracking" dévoilé fin novembre à la Maison de la culture. L’aboutissement d’une collaboration de quatre ans entre le Pôle des arts de la marionnette Le Tas de sable - Ches Panses Vertes, le laboratoire Modélisation, Information & Systèmes de l’université de Picardie et Waide Somme. Guillaume Darras, responsable informatique à l’Ésad, résume le défi : « Projeter en direct une image 3D sur un objet en mouvement grâce à des capteurs d’une précision millimétrée ». Une prouesse technologique inédite en France. « Cette innovation ouvre des perspectives pour d’autres programmes communs », promet Barbara Dennys. Issue de l’ancienne école de beaux-arts ouverte en 1758, fondée par Amiens Métropole et le ministère de la Culture dont elle délivre les diplômes, l’Ésad multiplie les passerelles entre culture et recherche. Ici, on ne cloisonne pas les disciplines : « Le travail actuellement mené autour de la langue des signes afin de lier images et linguistique, écriture et gestuelle réunit graphistes, linguistes et informaticiens », aussi utile pour son territoire : elle est ainsi associée à la réalisation de la signalétique qui accompagnera le futur bus à haut niveau de service. 

« L'Ésad explore les possibilités de convertir les bandes dessinées en films d’animation » Barbara Dennys, directrice de la structure

DES FORMATIONS DIPLÔMANTES 

La réalité augmentée est un créneau porteur d'expérimentation. L’affiche qui invite aux portes ouvertes de l’école les 9 et 10 mars reprend ce procédé, comme celles créées pour l’exposition Abracadabra, le livre d’artistes au Safran en avril 2017. Elle est l’oeuvre de Stéphane Toque, l’un des 220 étudiants de l’Ésad. Beaucoup de ceux passés avant lui par l’école se sont aujourd’hui fait un nom. À l’image de Théo Gosselin, photographe très demandé qui reconnaît que « l’Ésad lui a tout apporté », de Jérôme Charton, directeur de l’animation chez Mikros Image, créateur notamment des épisodes animés d’Astérix, ou d’Armand Séné, entré chez Mac Guff, l’un des principaux studios d’effets visuels numériques en Europe. Quant à Clémence Guillemot, c’est à elle que l’on doit la conception du logo de la région Hauts-de-France. La majorité des diplômés en typographie ou en animation deviennent créateurs indépendants ou sont embauchés pour les effets spéciaux, les jeux vidéo, l'animation 3D, l’architecture ou le domaine médical. Alexis Leleu, lui, a choisi de rester à Waide Somme : sorti diplômé en 2015, il y enseigne désormais l’animation et notamment le rigging, procédé en synthèse d’images 3D. L’Ésad, une pépite attractive pour Amiens. 

//Ingrid Lemaire

LA CRÉATION TYPOGRAPHIQUE RECONNUE

Sandrine Nugue, diplômée de l'Ésad, et Alice Savoie, enseignante au post-diplôme typographie et langage, se sont respectivement distinguées en 2017 et 2018 pour leur police de caractères : Infini pour la première, et Faune pour la seconde. Toutes deux ont été récompensées suite aux commandes publiques du Centre national des arts plastiques qui nourrit sa politique d’acquisitions et de soutien à la création dans le design graphique. Infini et Faune sont téléchargeables gratuitement sur cnap.fr. 

LE DESIGN AU SERVICE DU BHNS

L'Ésad a été associée au futur bus à haut niveau de service (BHNS) pour réfléchir à sa signalétique. « Cette collaboration n’a pas d’équivalent en France, remarque Barbara Dennys, sa directrice. La question de la géolocalisation, du temps de trajet, la valorisation du patrimoine architectural et arboré avec une carte graphique isochrone (qui montre en temps réel des objets, des espaces, des bâtiments…, ndlr) ou encore la conception d’une appli évolutive avec des Abribus comme points de connexion font partie des axes développés par nos étudiants. » 

Le partenariat mené avec Amiens Métropole a conduit à la création d'une junior entreprise de conseils pour valoriser les projets. À terme, ce pôle devrait permettre de développer des services numériques pour les usagers. « C’est rare qu’une ville et une agglomération accompagnent aussi loin une école », apprécie Barbara Dennys. Au printemps, le premier site totem

LES RENDEZ-VOUS DE L'ÉSAD

• Portes ouvertes, les 9 et 10 mars, de 10h à 19h. Pour visualiser l'affiche en réalité augmentée, téléchargez l’appli Artivive. 

• Conférences On the shoulders of giants autour des outils libres et de l’open-source, du 26 au 28 mars, avec la participation de l’École supérieure d’art et de communication de Cambrai.

• Exposition dans le cadre des 50 ans de Mai 1968 avec le Centre Pompidou et l'artiste égyptien Yousri Bassem. Des affiches collectées par un Amiénois, le regretté Jean-François Danquin, alors étudiant à La Sorbonne et ancien directeur des études à l’Ésad, seront exposées en mai.

Comment intégrer l'Ésad ?

L'Ésad délivre le DNA, diplôme national d’arts plastiques (bac +3), et le DNSEP, diplôme national d’expression plastique (bac +5), tous les deux agréés par le ministère de la Culture. 

Pour l’intégrer en 1re année, il faut, après l’obtention du bac, passer le concours d’entrée design graphique et/ou celui d’images animées 3D. Ces concours comprennent des épreuves écrites et de dessins avec présentation de son book lors d’un entretien. Pour intégrer l’école à partir de la 2e, 3e ou 4e année, il faut s’inscrire à une commission d’équivalence et présenter son book. L’intégration au post-diplôme (après la 5e année) se fait par candidature en envoyant son dossier. 

Le prochain concours est prévu les 12 et 13 avril (inscription sur esad-amiens.fr). Par ailleurs, tout au long de l’année, l’école propose des formations continues pour les professionnels et les demandeurs d’emploi.

École supérieure d'art et de design d’Amiens (40, rue des Teinturiers) esad-amiens.fr – waide-somme.fr