Les voies de la reconversion

#JDA 851

PLUS DE LA MOITIÉ DES ACTIFS ONT, À UN MOMENT DE LEUR VIE PROFESSIONNELLE, CHANGÉ DE MÉTIER. SUBIE OU VOLONTAIRE, LA RECONVERSION PEUT PRENDRE PLUSIEURS FORMES, NOTAMMENT CELLE DE LA CRÉATION D'ENTREPRISE. EXEMPLES D’AMIÉNOIS QUI ONT REBONDI.

Un accident de la vie qui met en incapacité de poursuivre son activité. Un licenciement, une branche en perte de vitesse, où l'emploi se faire rare. Un déménagement dans une région où son métier n’existe pas, où il n’y a pas de dé- bouché. Ou tout simplement la lassitude, l’envie de découvrir d’autres choses, de changer d’air, de devenir son propre patron, de quitter un boulot considéré comme "alimentaire". Les raisons poussant les individus à la reconversion professionnelle sont légion. 

Selon une étude menée en France par OpinionWay pour l’Afpa en 2014, 60 % des actifs ont déjà changé de métier ou de secteur d’activité, dont la moitié plusieurs fois

Ce phénomène n’effraie pas les employeurs, puisque 65 % de ceux ayant recours à des personnes reconverties considèrent cette expérience comme « un atout au travail ». Quant aux travailleurs, ils estiment majoritaire- ment que reconversion rime avec épanouissement personnel et professionnel.


FORMATION OU INTUITION

Faire le grand saut peut s’avérer simple. Ainsi d’Étienne Devantoy, dont la reconversion, choisie, avait pour but de se « faire plaisir » lors des « quelques années à travailler » qu’il lui reste. Voulant « faire quelque chose de ses mains », il est devenu en 2016 le premier brasseur amiénois, avec sa Charles & Vianney. Pour cela, cet ancien responsable formation dans un établissement d’enseignement supérieur est passé par la case... formation : celle de brasseur. D’autres le font de façon plus intuitive, comme Christine Desreumaux, 50 ans. Après des débuts en secrétariat, métier qui ne lui convenait pas, puis des expériences en tant que primeur et directrice adjointe d’un établissement de prêt-à-porter, elle a tout quitté pour aider sa sœur et son restaurant de la rue des Jacobins, Petits Délices entre amis, avant d’en reprendre les rênes. La création de son propre emploi, en tant qu'artisan ou commerçant notamment, a le vent en poupe.


LE CHOIX DU COMMERCE

Dans ce contexte, devenir franchisé est une option. C’est celle qu’a choisie Emmanuel Lamoot. Après treize années comme chargé de clientèle et un plan social, il a lancé en 2011 Royal Kids, route d'Abbeville. Ayant ensuite cédé ce parc de jeux pour enfants, il s’occupe depuis 2015 d’un Laser Quest, toujours à Montières. Pourquoi les franchises ? « Pour la sécurité et l’aide à l’installation », répond-il. Mais les créations peuvent aussi l’être de toutes pièces, à l’image de la boutique Wanderlust. Suite à un licenciement économique, Virginie Delabye, ancienne infographiste, a ainsi peaufiné son projet, notamment avec la chambre de commerce et d'industrie. Après une formation, elle a ouvert en 2015 son concept store rue Duméril. Si de l’infographie au concept store, il reste un semblant de filiation, parfois, c’est le grand écart : en mai 2016, le restaurant éthiopien Abyssinia ouvrait par exemple ses portes chaussée Jules-Ferry, avec à sa tête Patricia Deresse, qui réalisait ainsi son rêve après cinq an- nées de réflexion et d'études de marché alors qu’elle venait de la filière médicale.


UN PROJET DE VIE

Plus radical encore : le champion olympique Xavier Philippe, ancien rameur, est devenu producteur de fromage de chèvre près d'Amiens. Mais quel que soit le projet de vie, les aspirations nouvelles, se reconvertir et/ou créer son entreprise demande un accompagnement, et une bonne connaissance de soi et de ses compétences dans un contexte économique mouvant. Le Mois de la création et de reprise d'entreprises, occasion de s’informer sur diverses thématiques, se poursuit d’ailleurs jusqu’au 19 octobre. Un premier pas ?

//Jean-Christophe Fouquet

moisdelacreation.fr – 03 22 22 30 63

Rachel : des vieilles pierres aux fleurs fraîches #JDA

En 2015, Rachel Visse, fonctionnaire territoriale, guide-conférencière et responsable des publics d'Amiens, Métropole d’art et d’histoire, décide de changer de cap. Profitant d’une mise à disposition pour création d’entreprise jusqu’en 2019, elle se lance et devient fleuriste à 42 ans : « J’ai toujours voulu ouvrir un commerce, confie-t-elle. J’ai pris un congé professionnel de formation de quatre mois et effectué plusieurs stages ». 

Inscrite depuis 2015 à Natura-Dis, une école de formation à distance spécialiste des métiers de la nature, elle a obtenu son CAP fleuriste en 2016 et suivra encore des cours jusqu’en 2018. « Pour y arriver, il suffit de se convaincre soi-même. » Mais aussi les autres : « Se mettre à son compte implique de taper à beaucoup de portes. La chambre de métiers et de l’artisanat de la Somme m’a bien aiguillée », assure-t-elle. Sa boutique Au bonheur des fleurs a ouvert le 1er mars à Boves. 

//I. L.

Marianne : des planches à l'ébénisterie #JDA    

À 50 ans, Marianne Cantacuzène reprenait en 2011 le chemin du lycée, celui des métiers de l'ameublement à Saint-Quentin. « J’ai répondu à une proposition de l’Assurance formation des activités du spectacle (Afdas, ndlr), qui incitait les intermittents à profiter de leurs droits à la formation », explique cette ex-comédienne qui avoue qu’à l’époque, son travail « se raréfiait ». Bricoleuse, cette ancienne cartographe embrassait un vieux rêve. 

Là voilà donc en CAP grâce au Greta, financé aux deux tiers par l’Afdas. Trente-six heures sur quatre jours pendant huit mois. À l’internat, elle rédige un journal de bord suivi par une cinquantaine de lecteurs. Lesquels deviendront les clients de son entreprise, Bois, Meubles & Formes. Aujourd’hui, dans son atelier à Saint-Maurice, elle donne vie à des objets variés. Étagères, commode œuf, table à langer modulable, décors pour le théâtre, porte de grange... Des ouvrages uniques, sur mesure, faits d’essences locales. Perfectionniste, elle continue de se former auprès d’artisans. Et va de l’avant. 

//C. B.

Hugues : de la photo aux huîtres #JDA   

Il est passé sans aucune difficulté des sels argentiques au sel de mer. Hugues Malot a ouvert en juin 2015 avec son épouse Nathalie Le Bar à huîtres au pied du beffroi après avoir longtemps tenu un magasin de photographie, un métier mis à mal par le numérique. 

Avec leur capital, le couple a pu s'installer « en autofinancement ». Une reconversion en forme de retour aux sources : « Comme j’ai fait l’école hôtelière, ce fut aisé pour moi », admet le restaurateur de 57 ans qui regarde de l’avant et se focalise sur son nouveau jcommerce : « Ici, on peut aussi bien manger sur le pouce que profiter d'un repas complet dans une ambiance bistrot », souligne ce patron qui table sur une quarantaine de couverts et une vingtaine de variétés d’huîtres à déguster sur place ou à emporter, ainsi que le saumon, chaud ou froid, les crustacés et, bien sûr, les vins qui vont bien avec !

//K.D

LES INTERLOCUTEURS

La chambre de commerce et d'industrie Amiens-Picardie (6, bd de Belfort) : 03 22 82 22 22

La chambre de métiers et de l’artisanat de la Somme (7, rue de l’Île-Mystérieuse, Boves) : 03 60 12 71 27

Pôle Emploi : pole-emploi.fr

Le service développement économique d’Amiens Métropole (47, bd du Cange) : 03 22 97 15 72

La Mission locale formation insertion emploi du Grand Amiénois (10, rue Gresset) : permanence tous les jeudis de 17h30 à 19h. Sur rendez-vous du lundi au vendredi. 03 22 50 04 50

LES OUTILS

Le Compte personnel de formation (CPF), accessible aux salariés de droit privé et aux personnes à la recherche d'un emploi. Il est centralisé par les organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA).

Le bilan de compétences, pour faire le point et établir ses acquis. Se concrétise par la validation d’acquis de l’expérience (VAE). Une façon de conforter son expérience, mais aussi de se découvrir de nouvelles cordes. À solliciter auprès de Pôle Emploi pour les demandeurs d’emploi, et de leur employeur pour les salariés.

Les Pass Emploi et Pass Formation de la région Hauts-de-France, respectivement destinés aux employeurs et aux demandeurs d’emploi. hautsdefrance.fr