Amiens capitale des innovations

#JDA 865

TROIS PREMIÈRES MONDIALES ASSISTÉES D'UN ROBOT, UN ENTRE DE FORMATION D’EXCELLENCE, L’AGRANDISSEMENT DU LEADER FRANÇAIS DE L’HÉBERGEMENT DE DONNÉES MÉDICALES… LE PÔLE SANTÉ ATTIRE LES PROJETS PRÉCURSEURS.

À Intercampus, il n'y a pas que des logements qui sortent de terre. Les premiers bâtiments d’activités aussi. Après Ortho Robs, fabricant de matériel médico-chirurgical, c’est le MiPih (Midi Picardie informatique hospitalière) qui va déménager dans ce nouveau quartier entre le boulevard de Châteaudun, les rues Jean-Moulin et de Rouen. Le pôle santé de cette zone d’aménagement concertée pilotée par la collectivité attire les sociétés spécialisées. Le CHU, l’UPJV (seule université des Hauts-de-France lauréate des programmes d’investissement d’avenir en 2017), les cliniques, la Biobanque de Picardie et SimUSanté (lire ci-dessous) sont proches. Des projets de haute technologie qu’Amiens Métropole accompagne à travers Le Bloc, le cluster e-santé lancé en juin 2016. « C’est un projet phare pour la santé numérique », annonçait Alain Gest lors de la pose de la première pierre des nouveaux locaux du MiPih le 16 janvier. 

40 EMPLOIS CRÉÉS AU MIPIH

« Lorsque nous avons rencontré l'équipe à la Vallée des Vignes, nous avons immédiatement compris que l’entreprise était à l’étroit pour se développer », a ajouté le président d’Amiens Métropole. Des aides ont ainsi été apportées : une garantie d’emprunt et 80 000 € pour soutenir la création d’emplois. Premier hébergeur français de données médicales et premier éditeur de progiciels de gestion pour les structures hospitalières, le MiPih investit 12 M€ pour construire 2 600 m2 de bureaux et un data center de 1 200 m2 dont l’énergie sera réutilisée pour le réseau de chaleur. Avec 40 emplois de plus à la clef. Actuellement, la société compte 130 salariés. «Un véritable travail de coordination entre les partenaires a été mené pour ce projet », a rappelé le maire d’Amiens, Brigitte Fouré. « Notre politique porte ses fruits. Nous sommes à l’écoute des chefs d’entreprise et pouvons modifier le plan local d’urbanisme pour faciliter la réalisation des projets », détaille Jean-Christophe Loric, adjoint au maire délégué à l’urbanisme et au logement pour tous. Bientôt, une pépinière et un hôtel d’entreprises verront aussi le jour dans cet écosystème qui rassemble chercheurs, étudiants et sociétés.

« C'est une compétition mondiale. Amiens deviendra une référence dans la e-santé » Alain Gest, président d'Amiens Métropole

RÉUNIR LES COMPÉTENCES

« L'intérêt du cluster est de réunir les compétences, de favoriser les rencontres entre les entreprises, l’UPJV et le CHU pour que des projets émergent », explique Maxime Gignon, vice-président du cluster e-santé. Car les startups inventives sont nombreuses sur le territoire. Le 17 janvier, lors de l’inauguration du Quai de l’Innovation, cinq équipes ont présenté leur société lors de l’appel à projets Smart Hôpital lancé par une filiale d’Engie, Amiens Cluster et la Tech Amiénoise. Des talents stimulés aussi pendant les startup weekends organisés depuis trois ans. C’est d’ailleurs ici qu’a eu lieu le premier startup weekend spécialisé dans la e-santé en mars dernier. Des entreprises au service de la médecine de demain qui, avec les professeurs du CHU, font aboutir des premières mondiales.


INTERCAMPUS DEMAIN

· Un quartier de 80 hectares.

· Un pôle santé de 4 hectares.

· 45 000m2 d'activités liées à la santé (10 000 m2 déjà commercialisés, 30 000 m2 divisibles dès 1 000 m2).

· Une pépinière et un hôtel d'entreprises spécialisés dans la santé.

· Plus de 2 000 logements construits sur vingt ans.

· 7 000m2 de commerces.

· Un BHNS en 2020.

· Une soixantaine de jardins familiaux.

· Une promenade piétonne et cyclable de 1,5 km.

Renseignements auprès de l’équipe du cluster e-santé : 03 22 97 15 58 ou 06 82 95 78 29

Un casque d'imagerie cérébrale inventé à Amiens

Lors de l'inauguration du Quai de l'Innovation le 17 janvier, Fabrice Wallois, chef du service des explorations fonctionnelles du système nerveux pédiatrique au CHU et directeur d’unité à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), présentait le projet Medelopt. Spécialisé dans la recherche sur l’analyse multimodale de la fonction cérébrale, il est aussi consultant pour cette startup en cours de création. 

Avec Thomas Fontaine, directeur de Medelopt, le professeur souhaite développer et commercialiser des outils permettant d’étudier l’activité du cerveau. Un casque équipé d’électrodes a ainsi été conçu avec les équipes du CHU pour mesurer l’activité neuronale et vasculaire du cerveau chez l’adulte. Une technologie utilisée dans la recherche cognitive, la prévention de l'épilepsie et des AVC. Prochaine étape : pratiquer cet examen sur les enfants. « Il est difficile de réaliser des IRM et des scanners sur les petits. Et c’est impossible avec les prématurés. Nous recherchons des partenaires industriels, pharmaceutiques, des sociétés spécialisées dans le traitement de l'information pour nous aider à développer d'autres technologies », expliquait Fabrice Wallois le 17 janvier. 

En juillet dernier, le professeur et son équipe ont signé une première mondiale. Un enregistrement électroencéphalographique en haute résolution spatiale (128 électrodes) et temporelle (à la milliseconde près) a été réalisé sur un prématuré de 30 semaines (photo). L'activité électrique du cerveau a été évaluée avec une précision jamais atteinte. Un progrès majeur qui aide les chercheurs à caractériser le développement du cerveau et à mieux comprendre certaines pathologies comme l’autisme, l’hyperactivité, les dysfonctionnements moteurs ou sensoriels chez l’enfant. 

SIMUSANTÉ, UN CENTRE DE FORMATION UNIQUE EN EUROPE

Situé au sein du CHU, SimUSanté est un espace d'apprentissage destiné à tous les acteurs de santé,de la formation initiale à la formation continue.

Porté par le CHU Amiens-Picardie, en partenariat avec l’université de Picardie Jules-Verne, le centre de formation offre 4 000m2 d'équipements pédagogiques de haute technologie et des environnements de travail reconstitués : domicile du patient, pharmacie, cabinet médical et hôpital. Il compte une cinquantaine d’espaces de simulation (dont une quarantaine reliées à des régies vidéos) réparties sur trois étages, des salles d’entraînement gestuel, des salles multimédias, des mannequins permettant des mises en situation professionnelles. 

C’est le plus grand pôle d’excellence européen dans le domaine de la pédagogie active et de la simulation en santé. Le rôle de SimUSanté est aussi de favoriser les échanges entre les chercheurs, les professionnels de santé, les industriels, les enseignants et les étudiants. Sans oublier les patients et les aidants. « Le patient est un collaborateur qui nous accompagne pour faire évoluer la prise en charge d’une maladie », souligne Christine Ammirati, directrice de SimUSanté.

Un nouveau service (SimuTED) dédié aux personnes souffrant de troubles envahissants du développement ou d’autisme vient d’ouvrir. 

Objectif : les préparer à réaliser un examen médical dans les salles de simulation afin de diminuer leurs angoisses. En novembre, une patiente anxieuse et agitée a ainsi pu effectuer un scanner sans anesthésie générale.


LE POINT DE VUE DES EXPERTS

« Se consacrer à l'écoute du patient » 

Guy Vallencien, membre de l’académie nationale de médecine et de l’académie nationale de chirurgie : « Je n'imaginais pas qu’un jour pour opérer, je serais assis à une table à manipuler un joystick. Nous sommes de plus en plus aidés par les machines. Ce qui nous permet de poser un diagnostic précis, plus tôt. Un jour, le chirurgien déléguera des tâches à un ingénieur opérateur. Il sera là pour les cas difficiles, non modélisables. Il pourra se consacrer à ce qu'il y a de plus beau dans le métier : l’écoute du patient en consultation. C’est ça, la valeur ajoutée. Le reste, la technologie le fera très bien."

« L'hôpital doit se réinventer » 

Guy Vallet, expert en management de structures de santé : « Face au vieillissement de la population, l’hôpital doit se réinventer. Faudra-t-il créer des unités pour les centenaires ? En tout cas, la médecine sera plus préventive, personnalisée,connectée. Avec plus de confort pour les aidants : une appli pour aider à se garer à proximité,des salles pour s'occuper pendant que son conjoint fait sa chimiothérapie. Les bâtiments conçus avec l’intelligence artificielle seront aussi mieux pensés.Les logiciels permettent de dépasser les limites humaines. Mais les décisions resteront humaines. »


//Lysiane Voisin