Et toi, 
t'es relié à la fibre ?

JDA #825

C'est l'une de ces questions que tout le monde pose à tout le monde. ou presque. la plupart des foyers d’Amiens Métropole pourront y répondre par l’affirmative d’ici 2022, date où le déploiement de la fibre, cet internet à très haut débit, sera achevé par Orange.

Depuis le début du déploiement de la fibre à Amiens, en 2013, l'objectif est resté le même : couvrir toute la ville d'ici 2018-2019. Quant aux autres communes de l’agglomération, où l’opération a débuté en 2015, elles devraient également être desservies à l’horizon 2020-2022. Il faut savoir qu’entre le moment où la fibre est dite "installée" dans un secteur et le moment où le particulier peut en bénéficier, le délai peut atteindre plus de six mois.

LA FIBRE JUSQU'À LA MAISON

Orange a été désigné pour tirer la fibre à Amiens Métropole. Plus exactement la FTTH : la fibre destinée aux particuliers et arrivant au pied de chaque habitation. La FTTO, la fibre des entreprises, existe déjà. « Il suffit aux entreprises de nous la demander, à nous ou à d'autres opérateurs, et c’est à leurs frais », synthétise Noël Tordeux, directeur des relations avec les collectivités locales de la délégation régionale Picardie d’Orange. Pour les particuliers, la connexion, qui peut également être réalisée par d’autres opérateurs louant à cet effet le réseau déployé par Orange (seul SFR le fait actuellement à Amiens Métropole), est généralement gratuite. Ce branchement représente la phase finale du déploiement.

130 ARMOIRES À AMIENS

La pose de la fibre dans le territoire d'Amiens a été répartie en cinq lots. Le cinquième sera entamé cette année. En juillet 2015, lors de la signature d’une convention entre Orange, Amiens Métropole et la préfecture – « un cas alors exceptionnel mais qui se généralise aujourd’hui », selon Noël Tordeux – une priorisation a été établie pour le reste de l’agglomération, car Orange ne peut tout faire en même temps. Il s’agissait de prendre en compte les besoins des communes, notamment celles aux débits ADSL faibles. Cela a démarré par Saleux et Salouël « où parfois le débit ne dépassait pas les 2 mégas ». À l’heure actuelle, 130 armoires de rue, première étape visible du déploiement de la fibre, ont été mises en place à Amiens. Il en faudra à terme un peu plus de 200.

Mais même dans le centre-ville toutes les armoires ne sont pas encore installées.     « Il en reste une ou deux qui nous posent problème, explique Noël Tordeux. Soit pour des raisons foncières, car toute armoire doit être mise sur l'espace public, soit car nous négocions avec les Bâtiments de France. » Plus de 57 000 logements amiénois, soit 67 % des foyers, sont donc considérés "adressables". Cela veut dire que l'armoire qui, à terme, les desservira, est déjà en place. Toutefois pour que ces foyers deviennent "raccordables", c’est-à-dire disposant concrètement de la fibre, il faut que celle-ci parte de l’armoire vers des points de branchements, en passant en sous-sol, sur les façades ou sur des poteaux. Cela peut parfois poser problème.

D'où un sentiment d'oubli ressenti par la population qui attend fébrilement la fibre. « Notre réseau était si mauvais qu’il se trouvait à la limite de ce qui est imposé par la loi, relate Ernest Candela, maire de Saleux. Jusqu’à ne pas avoir assez de débit pour travailler. » Mais même si la commune est l’une des premières à voir la fibre arriver, ce n’est pas encore fini à l’heure actuelle. « Nous sommes à 100 % d’installation en horizontal et souterrain à Saleux, affirme Noël Tordeux. Il nous faut main- tenant passer en aérien, sur les poteaux téléphoniques. Toute la commune devrait donc être achevée à la fin de l'année. » Voilà de quoi réjouir Ernest Candela : « Les habitants râlent de ne plus voir les choses avancer. Je ne sais pas quoi leur répondre ». Un cas fréquent. Même à Orange, le calendrier ne peut être donné avec précision, trop d’incertitudes rentrant en jeu au quotdien. Pour le particulier, une chose à faire : aller sur le site de l’opérateur (ici)

QUI FAIT QUOI ?

Le déploiement de la fibre est encadré par l'État,via l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep). Les prémices de la fibre optique généralisée à Amiens Métropole remontent à novembre 2011, lors de la signature du Schéma directeur territorial d’aménagement numérique (SDTAN) de la Somme, adopté par le conseil général (aujourd'hui départemental) et porté par le syndicat mixte Somme Numérique. Consécutif au plan national très haut débit, ce schéma a identifié Amiens Métropole comme une zone d’initiative privée. 

Deux opérateurs ont proposé d’y investir : Orange et SFR. C'est l’ex-opérateur "historique" qui a remporté le marché et qui, depuis 2013, équipe progressivement la Métropole. Dans ce contexte, la communauté d’agglomération joue un rôle d’interlocuteur et de facilitateur, notamment dans la gestion du planning.

Pourquoi cela prend 
du temps ?

Selon Orange, plusieurs difficultés ralentissent le déploiement de la fibre. Laquelle peut parfois être disponible dans un foyer, mais pas deux maisons plus loin ou dans la rue d'à côté.

• Les fourreaux cassés ou écrasés : La fibre passe dans des fourreaux, il suffit de l’y glisser. Mais si ces fourreaux sont cassés ou écrasés à un endroit, il faut faire un trou ponctuel dans la chaussée. Ce qui nécessite des autorisations, donc du temps. Le cas est fré- quent en centre-ville, par exemple rue des Trois-Cailloux.

• Obtenir l’accord des partenaires : Dès que la fibre doit passer ailleurs que dans le sous-sol public, il faut l’accord des partenaires, par exemple Énedis pour un poteau électrique, ou les bailleurs sociaux dans le cas d’habitats collectifs. D’où des conventions à signer.

• La réticence des particuliers : Tout le monde ne veut pas voir la fibre sur la façade de sa maison même si refuser son passsage est interdit. Convaincre peut prendre du temps. De plus, un boîtier doit être posé en façade toutes les six maisons. Si un propriétaire ne le veut pas, il faut refaire une étude. À noter que, selon la loi, le fil de cuivre (téléphone, ADSL) ne peut pas être enlevé : les deux doivent cohabiter.

• Le cas des copropriétés : Les syndicats de copropriété doivent donner leur accord, et donc voter en assemblée générale. Encore récemment il fallait attendre l’AG annuelle. Aujourd’hui, n’importe quelle AG fait l’affaire.

OÙ EN EST LE DÉPLOIEMENT ?

Orange, qui se charge d'installer le très haut débit dans toute la Métropole, a attaqué en 2013 et 2014 par le centre-ville d’Amiens et les quartiers Henriville, Saint-Roch, La Hotoie et Saint-Leu. Ont suivi en 2015 Amiens nord, Gare-la-Vallée, Renancourt et le nord de Saint-Pierre. Début 2016, Étouvie, Faubourg-de-Hem, une partie de Montières, Saint-Acheul et Sainte-Anne s’y mettaient aussi, ainsi que les communes de Saleux et Salouël. 

Le déploiement sur la fin d’Henriville, Plein-Sud, Saint-Honoré, Val-d’Avre, Sud-Est et l’espace industriel nord a été lancé en ce début d’année. Tout comme Dury, Vers-sur-Selle et une partie de Longueau. Concernant la fin de Longueau, Camon, Rivery, Cagny et Pont-de-Metz, études et concertation commencent fin 2017. 

En 2018 (Amiens) et en 2020 (Métropole), tous les foyers ne seront pas raccordés. En revanche, tous les points de branchements horizontaux souterrains seront installés : tel est l’engagement d’Orange. Restera ensuite à faire courir les fils en extérieur. Il faut donc plutôt compter sur 2019et 2022 pour que l’installation de la fibre se conjugue au passé sur le territoire.

LA FIBRE ÉTAPE PAR ÉTAPE

1. Un grand bâtiment, de grandes armoires, des milliers de fils, partout. C'est le point névralgique d’où part la fibre optique.

2. La fibre est insérée dans un fourreau, ces tuyaux protecteurs qui courent sous les rues et les trottoirs.

3. Elle arrive à une armoire posée en voirie, nommée "point de mutualisation" car accessible à tous les opérateurs. Chaque armoire peut desservir plus de 300 logements.

4. Des points de branchements, reliés en souterrain, en façades de bâtiments ou en aérien, sont connectés à cette armoire. Chaque point dessert entre six et dix foyers. C’est l’étape la plus complexe.

5. Le particulier peut désormais demander à son opérateur de réaliser la connexion finale. Celle-ci est souvent gratuite, sauf si elle engendre de gros travaux.

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C'est le diamètre, en microns, du rayon de lumière de la fibre optique, soit 0,01 millimètre. Ce rayon circule dans un fil de verre de 125 microns. 
Une minuscule technologie, mais un gros débit.