A Toulouse, la guerre... des places de parking est déclarée


Manque de places dans les rues, parkings souterrains trop chers, verbalisations trop régulières selon les utilisateurs… il devient difficile pour les Toulousains de se garer en centre-ville. C'est une véritable « galère » pour les usagers.


La Chambre régionale des comptes, basée à Montpellier, n'a pas hésité à dénoncer la gestion du stationnement à Toulouse. Dans le cadre d’une enquête nationale, la Cour s’est focalisée sur la ville rose. A l’occasion de son rapport d’observations définitives publié le 16 novembre dernier, elle épingle la politique de stationnement menée par la ville. « Nous avons constaté plusieurs points marquants. Ainsi sur la métropole de Toulouse entre 2010 et 2014, il y a eu une augmentation de 15% du nombre de places de stationnement réglementées sur voirie. Soit 51% en moins, gratuites », explique Jean-Paul Saleille, président de la première section de la Chambre régionale des comptes d’Occitanie.


3 656

C'est donc le nombre de places de stationnement qui sont devenues payantes en centre-ville. Alors que chaque année Toulouse gagne 11 000 habitants supplémentaires : « D’année en année, aucun développement n’est réalisé en terme de stationnement, pour accueillir les nouveaux arrivants », s’énerve Marc, commerçant au quartier Jean-Jaurès.

Dynamique et grandissante, Toulouse a un centre-ville attractif. Le problème ? L’espace dans la métropole est réduit. Ce qui limite donc l’exploitation et la création de places de parking. Selon la ville de Toulouse 500 000 déplacements sont effectués par jour, pour un total de plus de 10 000 places de stationnement sur voirie. Un chiffre bien évidemment insuffisant pour pouvoir « garer » tous les Toulousains. « Le stationnement est un outil pour la politique de déplacement. Nous avons limités à deux heures le temps de stationnement, afin d’avoir une rotation. C’est pourquoi les places sur voirie sont payantes, 11 000 le sont. Pour les habitants il existe le stationnement résident, avec un abonnement annuel. C’est notre moyen de tout réguler », confie Jean-Michel Lattes, premier adjoint au maire de Toulouse.



"On est dans la nécessité de venir en ville et il n'y a pas moyen de se garer correctement"

Une durée de contrat pour les parcs en ouvrage trop longue

La Chambre régionale des comptes a aussi examiné la manière dont la gérance des parcs publics en ouvrage a été effectuée. Leur enquête a montré que la durée de contrat des concessionnaires était excessive. 8 sur 14 ont une durée supérieure à 30 ans. Au cœur des incohérences, les parkings de Victor Hugo et des Carmes. «Nous n’avons trouvé aucune justification dans les contrats. Il n’y a pas de cohérence entre le montant d’investissement et cette longue durée. En ce qui concerne les parkings de Victor Hugo et des Carmes, l’ouvrage est antérieur à la conclusion du contrat qui date de 1991. On est simplement face à un coup résiduel. C’est un déséquilibre du contrat en faveur de la société privée », explique Jean-Paul Saleille. Pour la ville de Toulouse, il serait question d’une logique économique, qui autorise les concessions à gagner leur vie. Une idée totalement irrecevable pour la Cour d’Occitanie. « On ne peut pas savoir dans 15 ou 20 ans, quelle sera la fréquentation des parkings », ajoute-t-il.

Des parkings souterrains trop chers

Les stationnements en surface sont surchargés alors que les parkings souterrains connaissent une certaine désertion. L’ordre d’occupation est inférieur à 50%. Ce phénomène s’explique par les tarifs des concessions estimés cher, environ 3 euros de l’heure. Selon le rapport sur la politique de la ville, il est question d’une différence de prix allant de 16% à 60%, face aux stationnements sur voirie (1,50 euros de l’heure sur les allées Jean-Jaurès). Payer, les Toulousains en ont marre et parfois ils ne respectent pas le principe des places réglementées. La conséquence ? Les procès-verbaux sur les pare brises. C’est pourquoi, la Chambre régionales des comptes souhaitent mettre en place des contrôles bien plus organisés, afin que les gens ne se garent pas… sans payer !



Les transports en commun, la solution face à la «galère » ?

Dans le monde aujourd’hui, les questions autour du climat sont dans toutes les têtes. Coût environnemental, coût de gestion… Pour la ville de Toulouse, la présence des automobiles a un effet sur la pollution : « Le fait de limiter le stationnement réduit aussi la venue en voiture des personnes. On a beaucoup moins de pollution en centre-ville, ce qui répond à un objectif de plan climat » affirme Jean-Michel Lattes. Une fausse justification, face aux problèmes pour se garer en centre-ville, pour l’association 40 millions d’automobilistes. « La ville supprime des stationnements pour donner un côté écologique. Ce principe est faux. Créer des places ne veut pas dire que cela va attirer plus de voitures », avoue Pierre Chasseray, délégué général de l’association.

Une des solutions mise en avant par la ville et la Cour n’est autre que le développement du réseau de transports en commun. En effet, l’objectif premier de la commune est de favoriser un report modal. C’est-à-dire permettre aux Toulousains de laisser leur véhicule sur des parkings relais gratuits, afin d’utiliser les transports mis à disposition. « Nous souhaitons faire augmenter les déplacements en vélo et à pied », confie l’adjoint au maire.

Il ne reste plus qu’aux Toulousains à faire leur choix, conduire… ou marcher.