"La question de la discrimination à l'égard des femmes doit devenir l’une des principales préoccupations des entreprises africaines. "

Rencontre avec Suzanne Bellnoun, Présidente de l'OFAD, nouveau membre ADEPT

La plateforme ADEPT est heureuse d'accueillir une nouvelle ADDO dans son réseau, l’Organisation des Femmes Africaines de la Diaspora (OFAD). A cette occasion, nous avons rencontré sa présidente, madame Suzanne Bellnoun. Lisez l’interview pour en savoir plus sur ce nouveau membre.


1. Comment est née l’OFAD?

L’OFAD est née d’un coup de gueule! J’en ai assez que les femmes africaines soient stygmantisées en France et, plus largement, en Europe. Chaque fois qu’on parlait de femmes africaines, celles- ci devaient être associées à une description négative. J’ai donc réunis plusieurs femmes africaines de la communauté afin de parler de ce problème et réfléchir à des solutions pour changer le discours exitant autour des femmes d’origine africaine.
C’est ainsi que l’idée d’une plateforme d’autonomisation dédiée aux femmes africaines est née. En créant l’OFAD, nous avons pensé qu’il était temps de donner à nos filles et à nos sœurs une meilleure image d’elles-mêmes et des outils pour atteindre leur plein potentiel ».


2. Quels sont les objectifs de l'OFAD et dans quoi se spécialise t’elle?

L’objectif de l’OFAD est de motiver et soutenir les femmes africaines tant au sein de la diaspora qu’en Afrique.
Pour ce faire, nous mettons tout en oeuvre pour leur fournir les outils nécéssaire à leur incertion dans le circuit du travail et nous les aidons à trouver un emploi en lien avec leurs compétences.
Nous aidons aussi à leur autonomisation, au développement de leurs entreprises et nous soutenons celles qui veulent travailler en Afrique à se préparer à l’emploi ou à l’entrepreneariat là-bas.

En ce qui concerne l’entreprenariat féminin et la recherche d’emploi, nous mettons un accent particulier sur la formation et le soutien. En effet, lorsque j’ai décidé de devenir entrepreneure, j’ai rencontré de nombreux obstacles dans la création mon entreprise. L’un des premiers étant la remise en cause de mes capacités à entreprendre en tant que femme issue de l’immigration. En France, on a pas l’habitude de voir une femme migrante devenir entrepreneure. Cette expérience fait réaliser à quel point il était important pour les femmes entrepreneures d’origine africaines d’être encouragées et d’avoir accès à des outils leur permettant de gagner du temps lors de la création d’une entreprise.

J’ai également découvert qu’en France, les plateformes d’aide à l’emploi proposaient souvent aux africaines diplômées des emplois inférieurs à leur niveau d’études.
Selon moi, c’est ce qui engendre leur manque de confiance en elles au niveau professionel.

Si les femmes ne sont pas présentes au niveau décisionnel, comment  peuvent-elles promouvoir leur autonomisation au travail?

3. Selon vous, que faudrait-il mettre en place pour promouvoir l'implication des femmes dans le développement de l’Afrique?

Tout d’abord, la question de la discrimination à l’égard des femmes devrait devenir l’une des principales préoccupations des entreprises africaines. Dans des pays comme le Cameroun, où la majorité des entreprises sont dirigées par des hommes, la question de la discrimination à l’égard des femmes n’est pas soulevée.
Les gestionnaires de ces entreprises ne prennent pas la question du leadership des femmes au sérieux. Or, si les femmes ne sont pas présentes au niveau décisionnel, comment peuvent-elles promouvoir l’autonomisation des femmes au travail?

En plus de celà, je pense que nous devrions créer un véritable réseau rassemblant les femmes africaines de la diaspora et celles restées en Afrique. Ce réseau deviendrait une plateforme de lobbying portant la voix de femmes, donnant de la visibilité à celles qui auraient réussi proffessionellement et soutenant celles qui aspireraient à plus d’autonomie. Un réseau organisant des formations dédiées aux femmes, les soutenant financièrement, et offrant des outils techniques et du mentorat. Ce réseau pourrait également servir de plateforme de liaison entre pour aider les femmes en Afrique à vendre leurs produits en dehors du continent.

4. Comment avez-vous entendu parler de la plateforme ADEPT et qu’est-ce qui vous a motivé à la rejoindre?

J’ai entendu parler d’ADEPT à travers les nombreuses actions qu’elle a réalisé.
ADEPT s’efforce de donner plus de visibilité et de valeur à la diaspora africaine vivant en Europe, ce qui est également l’un de nos objectifs en tant qu’organisation de femmes de la diaspora. C’est en raison de cet intérêt commun que l’OFAD a décidé de rejoindre la plateforme ADEPT.

Ce faisant, nous espérons être en mesure de travailler ensemble pour donner à la diaspora la place qu’elle mérite dans le procéssus de développement de l’Afrique. Ce que nous attendons de la part de ADEPT, c’est qu’elle propose des actions concrètes pour pousser et promouvoir la place de la diaspora en tant que 6ème région d’Afrique.

En savoir plus sur l’OFAD

L’Organisation des Femmes Africaines de la Diaspora (OFAD) est une fédération d’associations dirigées par des femmes africaines vivant hors de leur continent. L’OFAD rassemble les forces et les compétences des femmes africaines dans différents domaines d’activité. Lire plus...